Boeing voit le bout du tunnel avec le B787 Dreamliner. Les autorités américaines et européennes - l'Administration fédérale de l'aviation (FAA) américaine et l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) - ont remis aujourd'hui conjointement la certification de type de l'appareil à l'avionneur de Seattle. Ce document - l'équivalent du certificat des Mines pour une voiture - atteste que l'avion est bon pour le service, construit selon les règles de l'art et apte à transporter des passagers selon les normes de sécurité actuellement en vigueur. Ce feu vert vient donc d'être donné à l'issue de près de 5 000 heures de vol effectuées par neuf avions.
La conception, la construction et les essais du Boeing 787 Dreamliner ont été particulièrement laborieux, entraînant au total trois ans et demi de retard. Ce biréacteur long-courrier de moyenne capacité (210 à 250 sièges) fait appel plus largement que les avions actuels aux matériaux composites. La fabrication des sous-ensembles (ailes, fuselage, etc.) a été délocalisée dans le monde. Cette externalisation a posé de nombreux problèmes de qualité, notamment pour les pièces produites en Italie, au point de rendre nécessaire le rapatriement d'une partie de la production. Aussi, lors des essais en vol, un incident avec un début d'incendie, en novembre dernier, a exigé de revoir une grande partie du système électrique de l'avion. Les vols ont alors été suspendus une deuxième fois.
Mais après 1 700 heures de vol, le 17 août, un des 787-8 équipés de moteurs Rolls-Royce a terminé la campagne d'essais, débouchant enfin sur la certification de type. La construction en composites du B787 lui permet d'être plus léger, et donc d'économiser du carburant, environ 20 % par rapport au Boeing 767 qu'il remplace plus ou moins.
En service régulier à la fin de l'année
La livraison au premier client, la compagnie japonaise ANA, qui en a commandé 55, interviendra le 25 septembre à Seattle, suivie le lendemain d'une cérémonie à Tokyo. Le nouvel appareil long-courrier reliera en décembre Tokyo à Pékin, puis Tokyo à Francfort dès janvier. D'ici là, le premier 787 d'ANA volera sur des lignes court-courrier au Japon, ce qui permet à l'occasion de nombreuses étapes de familiariser les équipages et les équipes au sol avec l'avion. ANA n'a pas prévu de desservir Paris, car la capacité du 787 Dreamliner est trop faible pour une ligne qui remplit tous les jours plusieurs Boeing 747. Le transporteur japonais attend quatorze B787 d'ici au milieu de l'année prochaine, et va les utiliser pour booster son réseau international.
Affiché à 185 millions de dollars au catalogue Boeing, le 787-8 doit être suivi par des versions -9 et -10 plus grandes. Le carnet de commandes est exceptionnel, avec 827 contrats signés par 56 compagnies et loueurs depuis le lancement du programme en 2004. Reste maintenant à les produire. On se souvient qu'Airbus, avec le super jumbo A380, avait effectué un "sans faute" aux essais en vol... suivi d'une vraie galère quand la production en série a été lancée. Boeing prévoit de démarrer une deuxième ligne d'assemblage à Charleston, en Caroline du Sud. Une implantation qui pose problème avec les partenaires sociaux de la première chaîne de production, celle de l'usine d'Everett, au nord de Seattle. L'enjeu est d'arriver à produire au total dix avions par mois dès 2013.