Les responsables du mouvement de contestation sociale qui agite Israël depuis la mi-juillet cherchaient à l'étendre samedi hors de son principal foyer de Tel-Aviv en appelant à se rassembler dans la soirée dans douze autres villes du pays. "Nous nous attendons à l'arrivée de plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Beer-Sheva (sud), où la principale manifestation est prévue", a indiqué samedi un des représentants du mouvement, Uri Metuki.
L'objectif n'est pas seulement de diversifier le mouvement sur le terrain mais de mobiliser des couches de la population particulièrement défavorisées. Jusqu'à présent, ce sont les classes moyennes qui ont été les plus actives en manifestant massivement. "Nous voulons renforcer le mouvement dans la périphérie, là où ceux qui ont dressé des tentes en guise de protestation sont encore peu nombreux. C'est pourquoi nous avons lancé un appel à sortir de Tel-Aviv et Jérusalem pour aller participer à des rassemblements dans douze villes", a expliqué Stav Shafir, une des dirigeantes du mouvement. "Dans ces villes de la périphérie, les gens ont des conditions de vie encore plus difficiles qu'au centre, dans la région de Tel-Aviv, il est essentiel d'exprimer la solidarité de l'ensemble du mouvement avec la population de ces localités", a-t-elle souligné. Elle a par ailleurs rejeté toute ouverture de négociations avec le gouvernement, dans l'immédiat.
Samedi dernier, plus de 300 000 personnes avaient manifesté à Tel-Aviv ainsi que dans d'autres villes pour réclamer la "justice sociale" et un "État-providence". Selon un sondage rendu public mardi, une très grande majorité de la population israélienne (88 %) soutient cette grogne sociale, la première du genre d'une telle ampleur en Israël, et 53 % d'entre eux se disent prêts à participer à des manifestations. Soumis à cette pression, Benyamin Netanyahou s'est dit prêt à infléchir son approche ultralibérale de l'économie pour répondre aux exigences des manifestants. Il a créé une commission chargée de proposer des réformes avec les partenaires sociaux et de présenter des recommandations au gouvernement d'ici un mois. Cette commission a été confiée à un économiste de renom, le professeur d'économie Manuel Trajtenberg, et a commencé ses travaux mardi.
LE POINT