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24.3.13

Sarko, le diabolique détrousseur de vieilles dames

Un dessin de Glez

Personne ne s'est autant acharné à détruire l'image de Nicolas Sarkozy que Nicolas Sarkozy lui-même. Le soir de son élection, en mai 2007, en choisissant de fêter sa victoire au Fouquet's avec ses amis millionnaires du monde des affaires et du spectacle, tous ses grands discours destinés à se faire passer pour un homme proche des Français ont été réduits d'un seul coup à néant.
Et dans les mois qui ont suivi, faisant preuve d'un culot et d'un entêtement inouï, Sarkozy n'a pas hésité à se faire photographier à bord de yachts luxueux dans des endroits paradisiaques, confirmant ainsi qu'il avait tout d'un Rastignac. Une telle soif de pouvoir associée à une tendance incontrôlable à l'autodestruction relève de la pathologie. Tout comme la crise économique, et plus que le travail de sape de l'opposition socialiste, c'est sans doute ce trait de caractère qui lui a valu l'année dernière de se trouver dans la situation de suprême ridicule de manquer de peu sa réélection et de ne rester qu'un seul mandat à la tête du pays.
Aujourd'hui Sarkozy est accusé par un juge d'avoir commis une faute d'une malhonnêteté impardonnable : avoir profité de la faiblesse d'une vielle femme atteinte de la maladie d'Alzheimer pour lui piquer son pactole. Le jeudi 21 mars au soir, l'ancien président français s'est ainsi retrouvé au palais de justice de Bordeaux à devoir s'expliquer pendant des heures devant le juge Jean-Michel Gentil. Dans le cadre de cette audition, le juge avait organisé une confrontation avec des personnes qui avaient travaillé pour l'héritière de l'empire L'Oréal. Et notamment Pascal Bonnefoy, ancien majordome de Liliane Bettencourt et auteur des enregistrements qui furent à l'origine du scandale révélé en juin 2010 par Médiapart. En mettant en examen Nicolas Sarkozy, le juge Gentil considère qu'il existe des éléments rationnels permettant de penser que Sarkozy a soutiré de l'argent à Liliane Bettancourt afin de financer sa campagne électorale de 2007.
L'Hexagone n'est pas collectivement atteint de la maladie d'Alzheimer
Je ne vois pas bien, à première vue, quel auteur français de polar* pourrait traiter [ou aurait pu traiter] l'affaire* Bettencourt. Certes, pas les classiques de la branche dure de la Série noire*,Jean-Patrick Manchette ou Didier Daeninckx, plus habitués à raconter des histoires de gangsters très violents. Pas non plus le Marseillais Jean-Claude Izzo, dont les romans pourraient être rattachés à la veine méditerranéenne et sociologique d'un Manuel Vázquez Montalbán ou d'un Petros Márkaris. Fred Vargas, avec ses intrigues énigmatiques, entre le policier et le fantastique –capable de raconter l'affaire d'un vieillard qui assassine sa femme à la mie de pain –, serait sans doute la mieux à même de raconter l'affaire. Ou le Belge George Simenon...
Une chose est sûre, le livre auquel les déboires de Sarkozy et l'affaire Bettencourt me renvoient le plus directement est L'Histoire universelle de l'infamie de Jorge Luis Borges. Entre Le Peu Civil Maître de cérémonies Kotsuke no Suké et L'Imposteur invraisemblable Tom Castro, une nouvelle borgésienne intitulée Sarko le diabolique détrousseur de vieilles dames pourrait trouver sa place.
En mai 2002, dans un texte de Crónica Negra ayant pour titre The French Connection, j'ai écrit : "Sarkozy peut être vaincu ce dimanche 6 mai par François Hollande (...). Ce serait un échec personnel impressionnant pour Sarko 'le Petit'. Cela confirmerait que ses fourberies, son état d'excitation permanent, sa passion obscène pour les riches et autres célébrités, son agressivité et sa démagogie sont devenus insupportables à des dizaines de millions de Français."
Même si elle s'est confirmée, cette prédiction n'avait pas grand mérite. Moins crédules par exemple que les Américains les Français sont un peuple qu'on ne peut pas tromper majoritairement pendant longtemps. La démence sénile d'une Liliane Bettencourt n'est pas une maladie collective de l'Hexagone.
COURRIER INTERNATIONAL

Images du Monde - Barcelone

Le 20 mars à Barcelone, une femme «sous vide» manifeste contre la consommation de viande.
 
Le 20 mars à Barcelone, une femme «sous vide» manifeste contre la consommation de viande.

Images du Monde - Afghanistan

Des Afghans se rassemblent pour célébrer leur Nouvel An, le 21 mars à Kaboul. Ils utilisent le calendrier persan, qui commence lorsque Mahomet quitte La Mecque pour Médine, en 621 ap. J.C.
 
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23.3.13

Nicolas Sarkozy a-t-il menacé le juge Gentil en fin d'audition à Bordeaux ?

Un incident a opposé le juge bordelais Jean-Michel Gentil et Nicolas Sarkozy qu'il venait de mettre en examen

Un incident a opposé le juge bordelais Jean-Michel Gentil et Nicolas Sarkozy qu'il venait de mettre en examen, jeudi à l'issue de l'audition de l'ancien président, a-t-on appris samedi de source proche du dossier, confirmant des informations du Parisien et du Monde.
  • "Ne vous inquiétez pas, je n'en resterai pas là"
"L'atmosphère était très tendue en fin de confrontation, a confirmé cette source, M. Sarkozy a tenu des propos que Jean-Michel Gentil a ressentis comme une menace, et il a voulu les faire acter par sa greffière. Mais Me Thierry Herzog, l'avocat de l'ancien président, s'y est opposé de façon forte", a ajouté cette source.
Selon Le Monde et Le Parisien qui relatent l'incident, Nicolas Sarkozy, qui venait d'être mis en examen pour abus de faiblesse par M. Gentil et ses collègues Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, a d'abord dénoncé "une injustice". Puis, comme le juge lui disait que l'audition était terminée, il aurait ajouté, selon Le Monde: "Ne vous inquiétez pas, je n'en resterai pas là", et selon Le Parisien, "je ne crois pas, non. Ce n'est pas terminé".
L'avocat de M. Sarkozy, Me Herzog, n'était pas joignable samedi matin.
  • "L'ancien souverain semble quelque chose de sacré et d'intouchable"
En revanche celui du juge Gentil, Me Rémi Barousse, a remarqué que "l'Etat de droit est le fondement de la démocratie, et que se faire ainsi vilipender, montrer du doigt, est le signe d'un Etat de droit pas encore complètement digéré et accepté, où l'ancien souverain semble quelque chose de sacré et d'intouchable".
Me Barousse, avocat, ami et ex-collègue magistrat du juge Gentil, a rappelé que celui-ci travaille de manière collégiale dans cette affaire : "Toutes les décisions sont prises à trois", a-t-il remarqué. Il a estimé que "le juge a sans doute été un peu outré de la violence des attaques contre lui", mais "qu'il continuera à instruire son dossier jusqu'au bout".
  • Un climat très tendu
C'est la première fois qu'un proche du juge est ainsi amené à commenter un incident dans cette affaire, nouveauté à la mesure de la tension qui règne entre M. Sarkozy et le juge.
Le 23 novembre, au lendemain du placement sous le statut de témoin assisté de Nicolas Sarkozy, les trois juges avaient fait publier un communiqué de mise au point après les propos ironiques de Me Herzog sur une possible confusion qu'ils auraient faite entre Liliane Bettencourt et Ingrid Betancourt, l'ex-otage colombienne des Farc.
Vendredi, Me Herzog a, dans la même veine, demandé au parquet de Bordeaux de publier des extraits des confrontations de la veille entre l'ancien président et les membres du personnel de la maison Bettencourt, de nature selon lui à disculper son client. Le parquet n'a pas encore répondu.
SUD-OUEST