Dans les petites annonces publiées sur Internet, on voit de plus en plus de gens désespérés demander du travail en échange de nourriture. Ils sont prêts à tout. "On est en train d'assister à une régression civilisationnelle. Avec la crise, les cas de semi-esclavage augmentent", note Joaquim Dionísio, avocat spécialiste du droit du travail et membre de la direction de la CGTP [le principal syndicat portugais].
A 24 ans, António Santos a tout perdu. D'abord son emploi, puis le logement où il vivait à Matosinhos [ville située à l'ouest de Porto]. En octobre dernier, il s'est retrouvé au chômage sans droit à une allocation. L'argent économisé lorsqu'il travaillait dans le BTP et la restauration lui a permis de payer cinq mois de loyer. Sans revenus ni aides financières, il a donc dû quitter son appartement en février. Les bons jours, il dort sur le canapé chez des amis, les mauvais dans une cabane en carton.
"Je fais des choses ici ou là pour ne pas mourir de faim. Mais j'ai vraiment besoin de travailler, même si c'est seulement en échange de nourriture et d'un endroit où dormir", soupire le jeune homme, qui a une formation professionnelle en commerce. C'est ce qu'il a écrit dans les annonces qu'il a mises en ligne en mars sur plusieurs sites. Bien qu'il ait proposé de travailler gratuitement, il n'a reçu aucune réponse. Tout du moins jusqu'à fin avril, la dernière fois qu'il a pu aller sur Internet. "Je n'ai même pas assez d'argent pour aller dans un cybercafé", explique António. Il peut compter pour l'instant sur la solidarité de ses amis qui lui offrent un repas par jour et lui prêtent des habits "pour être plus présentable". Avec l'espoir de trouver un jour un emploi.
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