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Le Royaume-Uni quitte-t-il l'Union Européenne?

David Cameron à Bruxelles, le 14 décembre 2012

EUROPE - Le référendum aura lieu entre 2015 et fin 2017, a dit le Premier ministre du Royaume-Uni...
Le Premier ministre David Cameron a finalement cédé aux eurosceptiques de son camp et pris le risque de braquer ses partenaires européens, en décidant de s'engager mercredi à organiser à l'horizon 2015-2017 un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne.
Dans un discours initialement prévu vendredi dernier à Amsterdam, mais reprogrammé à 9h ce mercredi à Londres, en raison de la crise en Algérie qui requérait toute son attention, le chef de file conservateur va assurer qu'il préférerait que son pays demeure au sein de l'édifice européen, mais à deux conditions: que l'UE se réforme, et qu'elle accepte une renégociation de ses liens avec la Grande-Bretagne.
Le Premier ministre résume ainsi son calendrier et sa vision. Il souhaite inscrire la nécessité «d'un nouvel arrangement» avec Bruxelles dans le manifeste électoral des conservateurs pour les législatives de 2015. En cas de victoire lui permettant d'exercer un deuxième mandat, il organiserait un référendum dans le courant de la première moitié de la prochaine législature (2015-2019), soit entre 2015 et fin 2017.

«Je veux que l'Europe soit un succès»

«L'intérêt national britannique est mieux servi au sein d'une Union européenne flexible, adaptable et ouverte. Et une telle Europe se porterait mieux avec la Grande-Bretagne en son sein», a-t-il plaidé. «Si nous ne répondons pas aux défis, le danger est que l'Europe échoue et que les Britanniques se dirigent vers la sortie», fait-il valoir.
«Je ne souhaite pas que cela arrive, je veux que l'Europe soit un succès» poursuit-il en soulignant «le désenchantement actuel de l'opinion publique, à son comble» pour plusieurs raisons. «Les gens estiment que l'UE s'oriente dans une direction qu'ils n'ont jamais voulue. Ils vivent mal les interférences dans notre vie nationale, au travers de lois et règlements qu'ils considèrent superfétatoires. Et ils se demandent à quoi tout cela rime».
«Une fois les nouvelles relations (entre le Royaume-Uni et l'UE) renégociées, nous consulterons les Britanniques par référendum en leur proposant un choix très simple, pour ou contre le maintien dans l'UE, sur la base du nouvel arrangement», va préconiser le chef du gouvernement. «Le référendum se tiendra sur la question dedans/dehors», insiste-t-il.

Les eurosceptiques très influents parmi les conservateurs

Les eurosceptiques particulièrement influents au sein du parti conservateur réclamaient à cor et à cri une telle consultation face «au déficit démocratique bruxellois». David Cameron a indiqué mercredi «qu'il comprend leur impatience» en insistant cependant sur la nécessité de donner une chance à une Europe remodelée.
Dans le passé cependant, le Premier ministre a clairement mis en avant les avantages économiques du marché commun, en dépit de la crise dans la zone euro, et a critiqué les dérives politiques en matière de supranationalité. Il s'est prononcé ainsi pour le rapatriement à Londres de prérogatives dévolues à Bruxelles, notamment dans le domaine de l'emploi, des réglementations sociales, de la police et de la justice. Il a aussi envisagé de nouvelles exemptions s'ajoutant à celles obtenues dans le passé par Londres, qui a notamment refusé d'adopter la monnaie unique.
En optant pour un référendum, David Cameron a fait la sourde oreille à tous ceux qui --dans son pays et à l'étranger-- le mettaient en garde contre une dérive centrifuge: ses partenaires au sein de l'UE réticents ou hostiles à la perspective d'«une Europe à la carte»; le président Barack Obama favorable au maintien du Royaume-Uni dans l'UE; ses alliés libéraux démocrates au sein du gouvernement britannique de coalition, résolument europhiles.
Le chef du parti travailliste d'opposition Ed Miliband a pour sa part déclaré dès mardi soir que «dans son discours, David Cameron se présentera comme un Premier ministre faible, à la remorque de son parti et non pas guidé par l'intérêt économique national».
Avec AFP