Retour de l'école après l'orage , 1939, par Chaïm Soutine (The Phillips Collection, Washington) Crédits photo : www.bridgemanart.com/www.bridgemanart.com |
Chaïm Soutine peintre maudit? Lorsqu'on l'enterre le 11 août 1943 au cimetière du Montparnasse, ils sont peu nombreux à suivre le cortège: Picasso, Cocteau, Max Jacob, quelques curieux. Et la peur de l'occupant n'explique pas tout. L'oeuvre hors norme de ce peintre a toujours déconcerté, y compris ses contemporains les plus avertis. Cela explique son succès mitigé et la très relative notoriété qui est encore la sienne aujourd'hui. La passionnante exposition que le musée de l'Orangerie lui consacre permet une fois encore de vérifier en quoi l'oeuvre de cet artiste secret et angoissé, souffrant de l'exil et de l'estomac, est rétive à toute apaisante classification. Dire que l'homme qui débarque à Paris en juillet 1913 est tourmenté relève de la litote, et l'ulcère, qui l'emportera trente ans plus tard, en témoigne. Né dans un schtetl biélorusse en 1893, Soutine est le dixième enfant d'une famille de onze. Son père est ravaudeur, autant dire peu de chose, et la misère est l'ordinaire du futur peintre. Misère et désolation, comme le suggère Georges Waldemar décrivant ainsi ces villages de l'Est profond: «Tragique Lituanie, qui donc soupçonne en France ce qu'est un petit village de l'Est européen? Routes défoncées par la neige ou la pluie, maisons lépreuses et effondrées, aux toits rasant le sol, et s'épaulant comme une escouade d'infirmes. Baraques boiteuses aux fenêtres asymétriques, aux enseignes historiées et couvertes de graffitis informes. Tout y est branlant et primitif, tout rejoint la terre qui efface les marques de la civilisation et du travail humain.» Ici, le Talmud (ou à tout le moins, certaines de ses interprétations rabbiniques) règne en maître, et Soutine l'apprendra vite à ses dépens. En 1910, il est violemment rossé par le fils du boucher du village, dont il a fait le portrait, contrevenant à l'interdit iconoclaste. A l'époque, la transgression (picturale ou autre) a un prix. En l'occurrence: l'exil. Ce sera Vilnius, où il étudiera trois ans, puis le départ pour la France.
Lire l'article en intégralité sur http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2013/01/04/03015-20130104ARTFIG00522-soutine-l-incompris.php