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En Somalie, l'opération commando tourne au désastre

Denis Allex

C'est une opération de sauvetage qui a tourné au fiasco. Dans la nuit de vendredi à samedi, un commando français a mené un raid aux environs de Bulomarer, dans le sud de la Somalie, pour libérer Denis Allex (probablement un pseudonyme), l'agent de la DGSE retenu en otage par un groupe islamiste depuis le 14 juillet 2009. Selon une source proche du dossier, le commando de la DGSE engagé a été surpris par la défense offerte par les islamistes, ces derniers "accueillant" les soldats français avec des mitrailleuses lourdes. Après des échanges de tirs, l'otage aurait été entraîné par deux hommes vers une pièce. La porte aurait été ensuite fermée puis une rafale d'arme automatique aurait été entendue.

L'incertitude règne toujours

Selon Jean-Yves Le Drian, "tout donne à penser que Denis Allex a été abattu par ses geôliers". Un militaire français est également mort durant l'opération – un jeune lieutenant qui venait d'être papa – et un autre est porté disparu : a priori blessé, il aurait été laissé sur place après plusieurs tentatives infructueuses pour le récupérer. Le ministre de la Défense a expliqué qu'il s'agissait de "missions extrêmement dangereuses qui mettent inévitablement en péril la vie de l'otage. Nous le savions." Dix-sept membres des Shebabs, ce groupe radical rallié à Al-Qaida, auraient été tués au cours de l'opération. Trois civils, victimes collatérales, auraient aussi perdu la vie dans les combats. Fait troublant : la concomitance de cette opération avec l'intervention de la France au Mali. Une pure coïncidence, justifie-t?on au ministère de la Défense, où on explique que "la Somalie était programmée depuis plusieurs jours" .
Cette version officielle a été presque immédiatement contredite par les ravisseurs de Denis Allex. Ils assurent que l'agent français ne se trouvait pas à Bulomarer au moment de l'attaque et qu'il ne serait donc pas mort. "Il sera jugé dans deux jours", ont même précisé les Shebabs dans un communiqué. Quant au soldat disparu, il serait désormais entre leurs mains. Les islamistes ont enfin menacé la France de représailles. "En fin de compte, ce seront les citoyens français qui goûteront inévitablement aux conséquences amères de l'attitude inconséquente de leur gouvernement à l'égard des otages."
La plus grande incertitude régnait donc hier soir autour du sort de l'otage français. En octobre dernier, Denis Allex était apparu très affaibli dans une vidéo où il déclarait : "Monsieur le Président, je suis toujours en vie, mais jusqu'à quand? Cela dépendra de vous."
A.M. - Le Journal du Dimanche