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25.12.12

Sapin, bûche, cadeaux, d'où viennent les traditions de Noël ?

Adriana Leiss et sa fille et Amelia change une ampoule grillée sur leur Chevy de 1965 décorée pour Noël près de Los Angeles. (Richard Vogel/AP/SIPA)

LE SAPIN. Au IIIe siècle, en Afrique romaine notamment, il était d’usage d’allumer des lampes et de disposer du laurier dans les maisons au moment du solstice. La coutume, considérée comme issue d’une tradition païenne liée au culte des arbres et à la conjuration de l’hiver, fut condamnée par les Pères de l’Église. Toutefois, des couronnes de verdure continuèrent à décorer certaines demeures jusqu’au Moyen Age. A cette époque, le conifère décoré de pommes rouges figure l’arbre du paradis.
La tradition du sapin, semble, quant à elle, originaire d’Allemagne : « En 1419, la confrérie des garçons boulangers de la ville de Fribourg avait dressé dans la salle de réunion de l’hôpital du Saint-Esprit un grand arbre de Noël, écrit Martyne Perrot. On avait le droit de secouer cet arbre garni de sucreries, et les pauvres pouvaient ramasser fruits et friandises. » En France, c’est d’abord en Alsace que le sapin apparaît. « En 1521, à Sélestat, un édit municipal autorise les gardes forestiers à laisser les habitants couper de petits sapins pour les fêtes de Noël. Strasbourg bénéficie d’une décision identique en 1539. »
HScroyancesLongtemps, le clergé français – qui ne jure que par la crèche – regarde d’un mauvais œil ce sapin venu des terres protestantes. Sapin qui finit tout de même par s’inviter à la cour du roi Louis-Philippe en 1837. « Mais il faudra attendre encore quelques décennies pour que la coutume se popularise à l’ouest des Vosges ! »
LA BUCHE. Jusqu’au siècle dernier, à la veille de Noël, une bûche était placée dans l’âtre. Pièce de chêne ou d’arbre fruitier – selon qu’il s’agissait de s’attirer robustesse ou fertilité –, elle devait se consumer lentement.
Ce feu domestique du solstice d’hiver rappelle celui de la Saint-Jean, six mois plus tôt. On retrouve également cette union du feu et du bois dans les Saturnales romaines et le « feu nouveau » des Celtes. Tous ces rituels ont une vocation propitiatoire ou divinatoire. En outre, le feu de l’âtre permettait de condamner l’unique lien vers l’extérieur d’une demeure aux portes et fenêtres closes. Passage par lequel les mauvais esprits pouvaient s’infiltrer.
Cet usage de la bûche a inspiré un dessert à l’origine controversée. On la dit inventée à Paris en 1879, mais on lui prête aussi des origines lyonnaises. Elle parvient à s’imposer en quelques décennies dans tout l’Hexagone, aux dépens de spécialités régionales.
LES CADEAUX. Les cadeaux sont une promesse d’abondance dont on retrouve la trace dans l’Antiquité. Les Romains en échangeaient lors des Sigillae, au dernier jour des Saturnales, accompagnés de vœux. Si les premiers chrétiens critiquent la dimension païenne et superstitieuse de cet usage, l’Église se garde tout de même de l’interdire.
L’usage d’offrir des jouets au lieu d’aliments ne se développe qu’au XIXe siècle, avec l’essor de la bourgeoisie. Ce geste ancestral n’est pas sans rappeler, selon l’historienne Nadine Cretin, une forme du « gaspillage cérémoniel » lié à toute fête.
LIRE. Hors-série Sciences et Avenir, "les origines de nos croyances, fêtes et superstitions". En kiosque depuis le 20 décembre 2012.
Azar Khalatbari
Sciences et Avenir
Décembre 2012