A Mbuji-Mayi [capitale du Kasaï-Oriental], une bouteille d'un litre et demi d'eau coûte 3 500 FC (francs congolais, soit 3 euros), plus cher que deux bières de 73 cl à 1 500 FC l’une (0,76 euro). Pour certains adeptes de cette boisson alcoolisée, le choix est vite fait, quoi qu'il en coûte à leur santé. Autant boire de la bière. Mais pour la grande majorité de la population, la situation est dramatique. En effet, seules les nantis peuvent se permettre d'acheter des bouteilles d'eau fabriquées localement pour assouvir leur soif. Beaucoup d'autres ne le peuvent pas alors que l'eau est une denrée rare dans cette ville de plus de 3 millions d'habitants, où plusieurs communes ne sont plus desservies par le réseau public depuis 2010.
Faute de trouver l’eau au robinet, les habitants sont obligés d’effectuer de 3 à 5 km pour acheter de l’eau dans des lieux publics. Pour 20 litres d'eau – impropre à la consommation –, le prix varie entre 200 et 500 FC [entre 0,16 et 0,41 euro]. Ceux qui en ont les moyens se font livrer l'eau pour le ménage et la toilette, et recourent aux vendeurs ambulants qui proposent les 20 litres pour 700 à 1 200 FC [0,58 à 1 euro].
"Je suis très déçu de voir que le Kasaï-Oriental, pourtant entouré de cours d’eau parfois potable, est la seule province où l’eau est si chère", regrette un habitant de la ville. La Regideso, une entreprise publique qui a le monopole de la distribution d'eau dans la ville, ne dessert que 16 % des habitations du fait de la vétusté du réseau et du manque d'électricité. Mais quand bien même tous les robinets de la ville seraient fonctionnels, la production serait insuffisante pour fournir la quantité d’eau nécessaire, soit 20 litres par personne et par jour. "L’entreprise manque de moyens pour développer une politique de distribution d’eau satisfaisante. Et, faute d'électricité, nous ne pouvons capter suffisamment d’eau. Voilà pourquoi la population souffre", souligne un agent de la société qui a requis l’anonymat.
Comme souvent en République démocratique du Congo (RDC), l'eau la plus chère est celle qui est mise en bouteille localement. Les bouteilles importées sont un peu moins coûteuses, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Rien n'est fait pour aider les habitants. "Nous nous heurtons à plusieurs difficultés. L'électricité est plus chère qu’ailleurs, nous importons les emballages, les taxes et les impôts sont très élevés", raconte un agent de Safi, une société locale d'embouteillage. L'eau est ainsi paradoxalement la boisson la plus chère.
Compte tenu de la situation, certains n'hésitent pas : "Je préfère boire de la bière plutôt que de l’eau, souvent introuvable, surtout quand je prends mon repas. Un régime qui n’a aucun effet sur mon organisme", estime Stéphane Mongo [un habitant de Mbuji-Mayi].
Et il n’est pas le seul à choisir la bière. Le prix est la bonne excuse, mais cela n’est pas sans risque pour la santé. Ces adeptes des bouteilles brunes renforcent ainsi leur penchant pour l'alcool et ils risquent d'avoir du mal à s'en débarrasser. Sans compter les comportements parfois violents de ceux qui en abusent pour étancher leur soif. "Je n’encourage pas les amoureux de la bière, et je demande à l’entreprise de distribution d’eau d’augmenter sa production pour mieux desservir la ville, s'agace un médecin de la ville. C’est une question de santé publique."
Faute de trouver l’eau au robinet, les habitants sont obligés d’effectuer de 3 à 5 km pour acheter de l’eau dans des lieux publics. Pour 20 litres d'eau – impropre à la consommation –, le prix varie entre 200 et 500 FC [entre 0,16 et 0,41 euro]. Ceux qui en ont les moyens se font livrer l'eau pour le ménage et la toilette, et recourent aux vendeurs ambulants qui proposent les 20 litres pour 700 à 1 200 FC [0,58 à 1 euro].
"Je suis très déçu de voir que le Kasaï-Oriental, pourtant entouré de cours d’eau parfois potable, est la seule province où l’eau est si chère", regrette un habitant de la ville. La Regideso, une entreprise publique qui a le monopole de la distribution d'eau dans la ville, ne dessert que 16 % des habitations du fait de la vétusté du réseau et du manque d'électricité. Mais quand bien même tous les robinets de la ville seraient fonctionnels, la production serait insuffisante pour fournir la quantité d’eau nécessaire, soit 20 litres par personne et par jour. "L’entreprise manque de moyens pour développer une politique de distribution d’eau satisfaisante. Et, faute d'électricité, nous ne pouvons capter suffisamment d’eau. Voilà pourquoi la population souffre", souligne un agent de la société qui a requis l’anonymat.
Comme souvent en République démocratique du Congo (RDC), l'eau la plus chère est celle qui est mise en bouteille localement. Les bouteilles importées sont un peu moins coûteuses, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Rien n'est fait pour aider les habitants. "Nous nous heurtons à plusieurs difficultés. L'électricité est plus chère qu’ailleurs, nous importons les emballages, les taxes et les impôts sont très élevés", raconte un agent de Safi, une société locale d'embouteillage. L'eau est ainsi paradoxalement la boisson la plus chère.
Compte tenu de la situation, certains n'hésitent pas : "Je préfère boire de la bière plutôt que de l’eau, souvent introuvable, surtout quand je prends mon repas. Un régime qui n’a aucun effet sur mon organisme", estime Stéphane Mongo [un habitant de Mbuji-Mayi].
Et il n’est pas le seul à choisir la bière. Le prix est la bonne excuse, mais cela n’est pas sans risque pour la santé. Ces adeptes des bouteilles brunes renforcent ainsi leur penchant pour l'alcool et ils risquent d'avoir du mal à s'en débarrasser. Sans compter les comportements parfois violents de ceux qui en abusent pour étancher leur soif. "Je n’encourage pas les amoureux de la bière, et je demande à l’entreprise de distribution d’eau d’augmenter sa production pour mieux desservir la ville, s'agace un médecin de la ville. C’est une question de santé publique."
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