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20.12.12

Les bêtes et les cons!

photo souris rousse
Que d’aucuns recherchent un effet placebo dans des thérapeutiques irrationnelles n’a rien de condamnable, mais que des populations fassent massacrer les derniers rhinocéros pour se procurer leurs cornes dispensatrices de vertus aphrodisiaques, vertus que d’autres prêtent aux ailerons de requins ou aux os broyés de tigres, n’est plus admissible. Bref, sourions gentiment devant la sottise et la naïveté, mais dénonçons l’arriération coupable de ceux qui tuent pour des chimères. Car, bien sûr, la corne de rhinocéros n’a pas plus d’effets sur l’érection des Asiatiques que ne l’aurait la consommation de leurs ongles ou cheveux! Quant à nos concitoyens, étrangers à ces médecines charlatanesques, ils font preuve du même irrationnel lorsqu’ils parlent de diverses espèces animales. Ainsi, le rat, sympathique rongeur doué d’une noble intelligence, demeure paré des peurs médiévales de la peste et des famines. La peur et la haine du rat, ennemi multiséculaire de l’homme, participent de ces préjugés obscurantistes sans le moindre fondement objectif. Car notre recycleur de déchets organiques ne propage aucune maladie pour peu que les conditions d’hygiène personnelle soient respectées. Le loup porte les craintes légendaires des populations arriérées, sous-informées, inaccessibles à un raisonnement à la fois scientifique et compatissant. Que les cinq cents loups italiens, les deux mille loups espagnols et ceux encore plus nombreux peuplant l’Amérique du Nord n’aient jamais dévoré quiconque n’ébranle nullement les convictions des ennemis de la nature qui perdurent à vouloir exterminer le démoniaque prédateur. Lorsque la nature n’est pas jardinée, domestiquée, aseptisée, les humains y voient un danger, une insupportable insécurité, appréhensions parfaitement débiles, car il est infiniment plus périlleux de séjourner dans une ville états-unienne peuplée de « beaufs » armés que de marcher, de nuit, dans une forêt avec sangliers. Au fond, ces croyances révèlent que l’espèce vaniteuse obéit essentiellement à son cerveau reptilien, à son inconscient, bien davantage qu’à sa raison. La chose ne serait pas grave si l’humain, le sachant, acceptait de prendre suffisamment de recul par rapport à ses préjugés pour les soumettre à l’aune de l’empathie. Mais l’animal crédule est tout aussi arrogant et grégaire qu’il est sot. Sot, non pas à « manger du son », hélas, mais à manger du foie gras et du chapon!
Bien à l’abri derrière ses mythes qui le justifient dans tous ses crimes contre le vivant, l’homme digère toutes les agonies.
Gérard Charollois
Président
Convention Vie et Nature pour une écologie radicale
www.ecologie-radicale.org