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L'acteur Michel Galabru est mort

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Affecté par la disparition du professeur Galabru, décédé le 4 janvier, l'élève Yannis Ezziadi évoque pour Le Figaro cette relation si particulière qu'il entretenait avec l'acteur de 93 ans. De 2009 à 2012, il se souvient avoir vécu des répétitions intenses aux côtés d'un homme d'exception qu'il considère comme étant «le plus grand acteur français».
«J'ai toujours voulu être comédien et j'ai été viré de l'école à 16 ans. À ce moment-là, j'ai demandé à Galabru de devenir son élève. Malgré mon âge, il a fini par accepter de me prendre», se souvient le jeune homme.
«Je me rappelle alors d'un acteur fou. Il était généreux, simple et, pour autant, il était capable de passer cinq heures à répéter une seule réplique. Avec lui, les cours n'avaient pas de fin. On s'arrêtait fréquemment pour écouter presque religieusement ses anecdotes et ses confessions», raconte Yannis Ezziadi, particulièrement ému par la disparition de son mentor.

«Il me disait qu'il m'offrirait un chapiteau pour jouer Les Fourberies de Scapin»

C'est justement sur la folie et la générosité de l'acteur que l'élève s'attarde. «Même à 92 ans, il mettait ses tripes sur scène. C'était un enfant malgré son âge. Il continuait à avoir des projets ambitieux, et des idées farfelues. Un fou! C'était incroyable. Il me disait qu'il m'offrirait un chapiteau pour jouer Les Fourberies de Scapin, qu'il voulait faire une tournée dans toute la France en roulotte. Vous imaginez? Il louait des théâtres avec son argent pour ses élèves». Face à ses promesses, le jeune homme est gêné, il se demande comment cela est possible. «En fait, c'est notre société d'aujourd'hui qui est trop raisonnable», constate le comédien en herbe.
La dernière rencontre entre l'élève et le professeur a lieu en octobre 2015. C'est à cette période queMichel Galabru disparaît des planches, trop affaibli et affecté par le décès successif de son frère puis de sa femme. «Avant d'aller le voir, j'ai fait part à Michel Fau d'un projet que j'avais en tête. Il m'a dit de foncer. Rapidement, je suis allé voir Galabru. Je lui ai alors demandé s'il accepterait de mettre en scène avec moi Les monologues d'Alan Bennett. Pour cela, il devait se travestir et devenir une femme. Croyez-le ou non, il n'a pas hésité une seule seconde et a accepté», se rappelle Yannis Ezziadi.
C'était avant la disparition du comédien. «Avec la mort de Michel Galabru, c'est le rêve de ma vie qui disparaît», conclut Yannis Ezziadi qui ne réalise pas encore avoir perdu l'homme dont il espérait obtenir la fierté.