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30.1.16

Article - Le livre de Petit Sarko: "Aveux" sincères vs. "arrière-pensées" hypocrites!


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C’est un curieux objet que ce livre de Nicolas Sarkozy. Ni tout à fait un cri du cœur ni tout à fait un livre programmatique, il est d’abord une explication où les regrets l’emportent sur les projets. On imagine l’abnégation qu’il fallut à son auteur, jusqu’alors peu enclin à l’autocritique, pour coucher ainsi sur le papier la liste de ses erreurs comme d’autres dressent la liste de leurs envies.

La démarche paraîtrait évidemment plus authentique si elle ne se nourrissait pas d’arrière-pensées, s’il s’agissait par exemple d’une confession pour l’histoire, rédigée par un homme au crépuscule de sa vie. Mais tout de même, il est si rare d’entendre nos dirigeants reconnaître leurs faux pas que la tentative mérite d’être saluée.

D’un chapitre à l’autre, on feuillette ce récit à la première personne comme un livre de souvenirs. Et c’est là la première limite de la démarche. Il y a beaucoup d’épisodes qu’on aurait préféré oublier ! Tandis que ses partisans se désespéreront de voir Nicolas Sarkozy se couvrir la tête de cendres, ses adversaires y verront un inventaire de tout ce qui le rendait à leurs yeux insupportable. L’ancien président se sera certes résolu à crever l’abcès dans l’espoir qu’on cesse de le renvoyer à ses errements passés. Mais cela paraît bien insuffisant pour réveiller l’appétit des Français.

D’abord parce que ce livre, pourtant minutieusement préparé, vient trop tard. Ensuite parce que, sous couvert de confession, il manque encore de sincérité. Après avoir longtemps fait croire qu’il avait été battu par un malheureux concours de circonstances, Nicolas Sarkozy est redescendu dans l’arène en expliquant qu’il n’avait d’autre choix que de faire don de sa personne aux Français. Hélas pour lui, ces derniers n’ont pas cru une seule seconde à cette posture d’homme providentiel. Parce qu’ils n’en ont aucune envie et parce qu’ils ont vu s’affirmer à droite d’autres candidats tout à fait capables selon eux de faire le job, comme Alain Juppé.

A force de changer, Nicolas Sarkozy finit par perdre ce qui faisait sa force : son authenticité. Encalminé dans de mauvais sondages, l’ancien chef de l’Etat s’obstine à jurer qu’il n’est pas animé par un désir de revanche. Il continue de tourner autour du pot en affirmant que sa décision de se lancer dans la course n’est pas prise.

Lui qui s’enorgueillissait jadis de préférer la compagnie de Jean-Marie Bigard à celle de la princesse de Clèves cite désormais Confucius en exergue. C’est presque trop beau pour être vrai ! Les prochaines semaines montreront si, comme l’espère son entourage, ce livre suffira à remonter sa cote de popularité. Il est permis d’en douter.

Matthieu Croissandeau
Nouvel Observateur - France