C’est vrai; j’adore les bêtes,
les vertébrés et les autres;
Ils sont magnifiques dans leur domaine sauvage; vrais...
Mais je ne déteste pas, non plus
d’autres êtres vivants ; même pas l’homme idéal !
L’Homme idéal est cet animal doté
d’intelligence, dit-on, qui met celle-ci à profit afin de rendre le plus infernal
possible le parcours de ses semblables !
Il vit pour cela. C’est son
but ; il ne voit pas au-delà de son horizon merdique : se lever aux
aurores pour ne pas irriter son patron, " casser la croûte" avec, si
possible un "litron", redoubler d’effort pour récupérer le temps
perdu et, à l’heure du déjeuner, manger un bout en vitesse et,
les mains toujours dégueulasses, s’affairer à la tache ; patron déjà là
oblige.
"Ben, bon", le patron
il n’est pas si mauvais ; même qu'ils diraient qu’il est sympa, tellement il
consent à leur adresser la parole :
-
Salut Bernard, ca va ? Le Portos, où il est ?
-
Toujours au boulot ?! Oh le Fils de pute, mais y
s’arrête donc jamais ?!
-
Putain, mangez bien et vite car c’est aprem’ il va falloir
mettre les bouchées doubles ; faut finir la fondation !
Et ils se lèvent tous, rôtant le
pinard même pas digéré… Manuel, le Portos, arrive :
-
Eh, les "coupeins", vous partez d’jà ?
-
Et oui mon pote, la fondation n’attend pas !
Et Manuel, sans avoir avalé une
seule goûte du rouge acide qu’il adore se remet au travail...
Il est fatigué Manu ; la
journée a été longue et le soleil n’est pas encore couché ; les collègues
sont déjà en train de se changer dans la baraque de chantier…
Lui s’empresse de laver le
matériel ; il va enfin pouvoir boire un coup avec son patron et collègues…
…Salut Manu ; ferme tout et
à demain !
Ils sont partis… Manuel n’a plus
ni faim ni soif, il est anéanti.
Il voyage en solitaire ; sa
vie est d’un néant absolu ; à la porte de son "chez-lui",
seul, il regarde la pleine lune, l’infini peuplé d’étoiles, se retourne, rentre
et allume sa radio à ondes courtes…
…AQUI PORTuga…
Morreu…sem ouvir a emissão preferida que lhe poderia ter aconchegado o coração…
Il a râté, malheureusement aussi toutes ces conversations que nous
écoutons quotidiennement dans les transports, en métro, tramway ou bus :
- “Salut cocotte, là chuis dans
le bus, j’arrive à Martyrs de la Résistance
(le quartier des Resi-Martiriens)
et j’sors chez les Ali-Rogerois (station de Roger Alô)…
- Tu me rejoins?
- Ah mais non, chuis chez les
Médardois (Barrière de Saint-Médard), on est au moins à cinq minutes et je viens
de retrouver mon copain Lesparre chez les Parcois. (Parc Bordelais) On se voit
demain?
Reprenant son portable elle a eu
ces mots mémorables:
- Ok?
Imitée par son copain:
-
Ciao!
Et voilà, que le monde est beau!
Pour en venir au début: j’adore
les animaux; et c’est parce que je les aime que je ne veux pas en avoir dans ma
case; aimer un animal ne signifie pas simplement le cajoler quelques
instants par jour; le caresser quand l’envie nous prend;
Par expérience je sais leur
fidélité et leur sentiment humain .
Bravo les bêtes et tant pis pour
le “genre humain”.
(Dédié à "Pirolito", "Dick", "Snoopy" et...autres...leur âme me pardonnera sans doute les oublis).
Bordeaux, le 17 avril 2016.
JoanMira