La Géorgie est sous le choc. Mercredi, plusieurs vidéos clandestines ont révélé que la torture se pratique apparemment de manière systématique dans les prisons du pays. La tension est soudain montée d'un cran entre partisans et opposants au président Mikhaïl Saakachvili, dont le parti est favori du scrutin législatif du 1er octobre. Scrutin test, il permettra de mesurer le degré de popularité du pouvoir, près de dix ans après la " révolution des roses " de 2004.
Diffusées sur plusieurs chaines de télévisions -notamment Channel 9 et TV Maestro, contrôlées par le leader de l'opposition Bedzina Ivanichvili- les images ont bouleversé l'opinion publique. Et peut-être, aussi, un peu, le paysage politique.
Certaines séquences filmées sont particulièrement choquantes. L'une des vidéos montre le "comité d'accueil" de la prison de Gldani, jusqu'à aujourd'hui présentée comme... la plus moderne du pays. On y voit une quinzaine de gardiens, debout dans une pièce, à côté d'un homme à terre, qu'ils tabassent à tour de rôle en se moquant allègrement de lui. Alignés face au mur dans une pièce adjacente, d'autres prisonniers entendent les coups et les cris. Les mains attachées derrières le dos, ils attendent leur tour...
L'affaire est particulièrement embarrassante pour le président Saakachvili, soucieux de se présenter au monde comme un démocrate incontestable.
Quoi qu'il en soit, le chef de l'Etat a réagi dans l'urgence en reconnaissant " un échec systémique ". Il a ordonné d'abolir le système pénitentiaire en place. Et il a chargé le Premier ministre de sa refonte. Il a également annoncé le remplacement temporaire des gardiens de prison par des officiers de police.
" Le président Saakachvili fait mine de découvrir le problème des prisons alors qu'il était connu de tous ", déclare à L'Express le leader de l'opposition Bedzina Ivanichvili, un milliardaire qui figure parmi les 200 plus grosses fortunes mondiales au classement annuel du magazine Forbes. " Maintenant le vrai visage du pouvoir apparait au grand jour ", ajoute, dans son bureau de Tbilissi, le leader de la coalition d'opposition Le rêve géorgien.
De fait, le problème n'est pas nouveau. En 2011, un rapport du Département d'Etat américain indiquait, au chapitre "droits de l'homme", que le "principal problème de la Géorgie" était "la violation des droits et de l'intégrité des détenus par des fonctionnaires gouvernementaux".
Mercredi soir et jeudi toute la journée, plusieurs manifestations de protestation ont eu lieu à travers le pays. Mais il était difficile de mesurer si le feu de la contestation allait s'éteindre ou se propager avant le scrutin du 1er octobre.
Résultat d'une politique de "tolérance zéro", les chiffres de la délinquance et de la criminalité ont drastiquement chuté en Géorgie depuis l'avènement de Mikhaïl Saakachvili. Cette incontestable succès constitue la vitrine de la " révolution des roses ". Parallèlement, la population carcérale de ce petit pays du Caucase du Sud (21.000 détenus pour seulement 4,7 millions d'habitants) a grimpé en flèche. C'est, proportionnellement, la plus importante d'Europe. Et l'une des plus élevées au monde.
L'EXPRESS
Diffusées sur plusieurs chaines de télévisions -notamment Channel 9 et TV Maestro, contrôlées par le leader de l'opposition Bedzina Ivanichvili- les images ont bouleversé l'opinion publique. Et peut-être, aussi, un peu, le paysage politique.
Certaines séquences filmées sont particulièrement choquantes. L'une des vidéos montre le "comité d'accueil" de la prison de Gldani, jusqu'à aujourd'hui présentée comme... la plus moderne du pays. On y voit une quinzaine de gardiens, debout dans une pièce, à côté d'un homme à terre, qu'ils tabassent à tour de rôle en se moquant allègrement de lui. Alignés face au mur dans une pièce adjacente, d'autres prisonniers entendent les coups et les cris. Les mains attachées derrières le dos, ils attendent leur tour...
"Saakachvili n'est pas un démocrate"
Une autre vidéo montre un " simple " passage à tabac d'un prisonnier ordinaire, roué de coups de pieds, trainé au sol par les cheveux, puis frappé à nouveau pendant de longues minutes. Un troisième film montre un prisonnier attaché aux barreaux d'une cellule, sodomisé avec un manche à balai. La séquence suivante montre la même personne avec une cigarette enfoncée dans l'anus. Les gardiens lui ordonnent de porter la cigarette à la bouche pour la fumer, puis de répéter l'opération plusieurs fois. Le prisonnier s'exécute en sanglotant.L'affaire est particulièrement embarrassante pour le président Saakachvili, soucieux de se présenter au monde comme un démocrate incontestable.
Quoi qu'il en soit, le chef de l'Etat a réagi dans l'urgence en reconnaissant " un échec systémique ". Il a ordonné d'abolir le système pénitentiaire en place. Et il a chargé le Premier ministre de sa refonte. Il a également annoncé le remplacement temporaire des gardiens de prison par des officiers de police.
" Le président Saakachvili fait mine de découvrir le problème des prisons alors qu'il était connu de tous ", déclare à L'Express le leader de l'opposition Bedzina Ivanichvili, un milliardaire qui figure parmi les 200 plus grosses fortunes mondiales au classement annuel du magazine Forbes. " Maintenant le vrai visage du pouvoir apparait au grand jour ", ajoute, dans son bureau de Tbilissi, le leader de la coalition d'opposition Le rêve géorgien.
De fait, le problème n'est pas nouveau. En 2011, un rapport du Département d'Etat américain indiquait, au chapitre "droits de l'homme", que le "principal problème de la Géorgie" était "la violation des droits et de l'intégrité des détenus par des fonctionnaires gouvernementaux".
Mercredi soir et jeudi toute la journée, plusieurs manifestations de protestation ont eu lieu à travers le pays. Mais il était difficile de mesurer si le feu de la contestation allait s'éteindre ou se propager avant le scrutin du 1er octobre.
Résultat d'une politique de "tolérance zéro", les chiffres de la délinquance et de la criminalité ont drastiquement chuté en Géorgie depuis l'avènement de Mikhaïl Saakachvili. Cette incontestable succès constitue la vitrine de la " révolution des roses ". Parallèlement, la population carcérale de ce petit pays du Caucase du Sud (21.000 détenus pour seulement 4,7 millions d'habitants) a grimpé en flèche. C'est, proportionnellement, la plus importante d'Europe. Et l'une des plus élevées au monde.
L'EXPRESS