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11.5.13

Voir la Terre vieillir en 30 ans

La création d'îles artificielles au large de Dubaï, la quasi disparition de la mer d'Aral ou encore l'explosion de l'urbanisation de Las Vegas en plein milieu du désert : autant de phénomènes survenus ces trente dernières années rendus visibles par le projet Timelapse, qui permet de mesurer à quel point la face de la Terre a changé sous l'effet du changement climatique et des activités humaines.



Travail tant phénoménal que captivant, cette carte interactive propose d'explorer les évolutions de chaque recoin de la planète entre 1984 et 2012. Indiquez un lieu dans le moteur de recherche et, en quelques secondes, s'offre à vous trente années d'évolution.



Ces transformations ont été captées par huit satellites du programme Landsat, un projet du Centre américain de veille géologique des Etats-Unis (USGS) et de la NASA lancé en 1972. En orbite à 705 km au-dessus de la Terre, ces yeux célestes cartographient l'intégralité de la planète tous les 16 jours depuis 41 ans. Deux millions d'images sans nuage - soit 909 teraoctets (1012) de données - ont ensuite été agrégées par Google avant d'être publiées pour la première fois sur le site du géant américain conjointement avec le magazine Time. Des GIFs sont aussi accessibles sur Google+, dévoilant des parties spécifiques de la planète.

Le résultat est saisissant. Qu’il s’agisse de la vaste étendue géographique couverte sur une si longue échelle de temps ou du niveau de détail stupéfiant. Imaginez : une image de télévision haute définition (HD) est composée d'environ 2 millions de pixels. Les clichés de Landsat, eux, pèsent 1 800 milliards de pixels, soit l'équivalent de 900 000 téléviseurs HD assemblés en une seule mosaïque.


Ces images ne sont pas seulement esthétiques. Elles livrent des informations cruciales et impartiales sur le changement climatique en cours, l'état des ressources naturelles et l'explosion urbaine. Ici, on assiste, stupéfaits, à la transformation du sable en verte prairie en Arabie Saoudite sous l'effet de l'irrigation massive ou à l'expansion de tous côtés de Shanghai, passée de 13,3 millions d'habitants en 1990 à plus de 23 millions en 2010.

Là, on observe, impuissants, la fonte du glacier Columbia en Alaska à un rythme de 30 mètres par an depuis 2001, à la disparition des paisibles forêts de la province canadienne de l'Alberta dévorées par l'exploitation effrénée de sables bitumineux, au recul de l'Amazonie brésilienne sous l'effet de la construction de routes, l'exploitation forestière et le défrichement agricole ou, en France, au bétonnage de la Côte d'Azur.
"Tout comme l'image mythique de la Terre prise par la mission Apollo 17, cette carte est non seulement fascinante à explorer, mais peut nourrir la réflexion de la communauté internationale sur la façon dont nous vivons sur notre planète et les politiques qui nous guideront à l'avenir", espère Rebecca Moore, responsable ingénierie pour le moteur Google Earth et Earth Outreach.
Difficile, de fait, de ne pas s'interroger sur le rôle de l'homme dans l'évolution de la Terre, alors que la concentration de dioxyde (CO2) dans l'atmosphère a franchi, jeudi 9 mai, le cap symbolique de 400 parties par million, plus haut seuil depuis plus de 2,5 millions d'années. A moins que l'on préfère flâner dans les méandres de la planète bleue. Au risque de s'y perdre.

Audrey Garric - LE MONDE