En terre d’Islam, mastiquer par les temps ramadanesques qui courent peut s’avérer pour le moins hasardeux.
Non, ce n’est pas un mois de jeûne. Comme en témoignent les opulentes tables
de victuailles ajoutées pour l’occasion devant toutes les épiceries orien- tales
de France et de Navarre, le ramadan est un mois où l’on se goinfre. Zellabia,
chabbakia, mekrout et autres spécialités dégoulinantes de sucre s’ingurgiteront
frénétiquement dès le coucher du soleil, c’est-à-dire à 22 heures en ce mois
d’août. Trêve de calories, un si long mois, censé être ascétique, engloutit à
lui seul une bonne partie du budget annuel des ménages qui s’y conforment.
Si le musulman lambda est convaincu qu’Allah ordonna le jeûne pour éprouver
ce qu’endurent les nécessiteux, il n’en plongera pas moins jalousement ses
doigts dans le tajine du soir, sans penser une seconde à partager sa pitance
avec les pauvres qui pullulent pourtant dans son quartier. D’ail- leurs, les
plus misérables des musulmans sont aussi tenus de faire le ramadan, peu importe
s’ils ont le ventre vide à longueur d’année. Ce ne sont pas ceux-là qui
préoccupent le musulman lambda, mais les autres, ceux qui, enfants de sa peau et
de sa race, osent l’affront de s’alimenter devant lui alors qu’il a tant investi
dans la logistique de son estomac.
Lorsque manger devient un acte de subversion, les États légifèrent,
maladroitement, pour faire respecter le régime général forcé.
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