Des milliers de Portugais étaient rassemblés ce samedi après-midi dans les rues de Lisbonne pour crier leur opposition à la politique de rigueur menée par le gouvernement de centre-droit, qui s'apprête à l'accentuer afin de tenir ses engagements internationaux. Vers 15H00 locales (14H00 GMT) plusieurs cortèges ont commencé à converger sur la Place du Commerce, en plein coeur de la capitale, pour manifester «contre le vol des salaires et des pensions de retraite» à l'appel de la CGTP, la principale confédération syndicale portugaise.
L'initiative de la centrale a reçu le soutien des mouvements d'indignés et d'un groupe de citoyens se disant apolitiques qui, s'appuyant sur les réseaux sociaux, a mobilisé le 15 septembre plusieurs centaines de milliers de personnes dans une trentaine de villes.
Témoignant d'une grogne sociale grandissante, ce rassemblement a été le plus important au Portugal depuis que le pays a obtenu, en mai 2011, une aide de 78 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.
«Notre avenir est hypothéqué par les mesures de la troïka (UE-BCE-FMI, qui représente les créanciers du pays, ndlr). Le peuple portugais en a marre», s'indigne Francisco Lopes, un fonctionnaire de 56 ans venu avec son fils, Rui, qui participait samedi à sa première manifestation.
«Une spirale sans fin»
«Je suis très inquiet, nous sommes dans une spirale sans fin et je ne vois pas comment ma génération pourra avoir du travail, un logement, une famille», soupire le jeune homme de 27 ans.
Maria José Oliveira et son mari, deux ouvriers du textile au chômage, sont venus en autocar de Braga (nord-ouest) pour clamer leur «indignation». Le couple de cinquantenaires ne descendait plus dans la rue depuis la révolution qui a renversé la dictature d'Antonio Salazar, le 25 avril 1974.
«Tout va mal! Nos dirigeants doivent changer de mentalité et nous trouver du travail, leurs mesures sont injustes», lance-t-elle en arrivant sur la place située au bord du fleuve Tage.
Sous un soleil de plomb, tambours et coups de sifflets signalent l'arrivée de nouveaux manifestants, qui continuent d'affluer en scandant «A bas l'austérité!» et en brandissant pancartes et drapeaux des syndicats des administrations locales, des enseignants, et même des forces de l'ordre.
La récession économique et le chômage se sont aggravés
En échange de son sauvetage financier, Lisbonne s'est appliqué à mettre en oeuvre une sévère cure de rigueur mais la récession économique et le chômage se sont aggravés, et le gouvernement de centre-droit peine à assainir les comptes publics.
Le déficit budgétaire s'élevait fin juin à 6,8% du PIB, un chiffre encore loin de l'objectif de 5% pour l'ensemble de cette année, qui vient d'être revu à la hausse par ses bailleurs de fonds.
Un contrôle renforcé des dépenses et une augmentation des impôts sur le patrimoine et le capital sont à l'étude afin de corriger ce dérapage.
En 2013, le gouvernement devra ramener le déficit à 4,5% du PIB, contre un objectif de 3% auparavant, en faisant des économies supplémentaires de 4,9 milliards d'euros qui impliqueront une nouvelle hausse de l'impôt sur le revenu, a-t-il déjà prévenu.
Pas d'affrontements violents
Soumis à des plans d'austérité successifs depuis 2010, les Portugais ont connu plusieurs grèves et manifestations qui, mises à part quelques brèves échauffourées, n'ont pas donné lieu à des affrontements violents.
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