Carlos Ghosn, le patron de Renault et Nissan, n'y croit pas. Comme il ne
croyait pas au succès de l'hybride, rappellent les mauvaises langues… Ce
scepticisme du double PDG des firmes française et japonaise, qui a tout misé sur
l'électrique au décollage pour le moins incertain, n'empêche pas Toyota, Honda
et le coréen Hyundai d'investir sur la voiture à pile à combustible.
Les deux firmes nippones promettent en effet pour le milieu de la décennie la
commercialisation en (petite) série d'une voiture à pile à combustible. Hyundai
va s'y mettre aussi. Le coréen préfère pour sa part louer les véhicules plutôt
que les vendre.
480 kilomètres d'autonomie
Le concept Honda FCEV, ultra-aérodynamique, a fait sa première apparition
publique à l'occasion du Salon de l'automobile de Los Angeles, qui se tient du
22 novembre au 1er décembre. Et ce, alors que Toyota a présenté son FCV au salon
de Tokyo, qui s'est ouvert aux professionnels mercredi dernier.
Le modèle Honda « présente plusieurs directions stylistiques retenues pour la
prochaine génération des modèles Honda à pile à combustible, qui devrait faire
son apparition au Japon et aux États-Unis en 2015, avant de parvenir en Europe
», affirme le constructeur.
Ces futurs modèles Honda profiteront d'un ensemble pile à combustible et
motorisation électrique entièrement hébergé dans le compartiment moteur,
autorisant, selon la firme nippone, « une gestion plus efficace de l'espace
intérieur ainsi que de nouvelles perspectives pour appliquer cette technologie à
d'autres véhicules dans le futur ».
Honda vend déjà confidentiellement depuis quelques années la berline FCX
Clarity, également à hydrogène. Mais le constructeur assure que, avec le nouveau
concept de salon, il a augmenté de 60% la capacité énergétique, en même temps
qu'il a réduit l'encombrement d'un tiers. Il revendique une autonomie de 480
kilomètres avec une recharge de 3 minutes à une pression ne dépassant pas 700
bars.
Même des bus pour 2016
Le Toyota FCV se présente sous forme d'une longue berline de 4,87 mètres de
long, très effilée, prévue pour le Japon, l'Amérique du nord et les pays
d'Europe où il existe des stations de recharge comme la Suède.
Et ce, « autour de 2015 » comme Honda. « Cette technologie est supérieure à
l'électrique », souligne Yoshikazu Tanaka, chef adjoint du projet pile à
combustible chez Toyota, qui travaille avec BMW. « Vous rechargez le réservoir
en trois minutes et disposez d'une autonomie allant jusqu'à 700 kilomètres.
L'hydrogène existe à l'état naturel et le véhicule ne rejette que de l'eau »,
indique-t-il.
Toyota espère vendre chaque année des dizaines de milliers de voitures de ce
type dans la prochaine décennie.
Hino, filiale de Toyota spécialisée dans les poids-lourds, compte de son côté
mettre sur le marché un bus à hydrogène en 2016. Plusieurs expérimentations de
bus urbains ont été déjà menées depuis une dizaine d'années.
Le coréen Hyundai a également montré au salon de Los Angeles son 4x4 à
hydrogène, le Tucson (nommé iX35 en Corée et en Europe) Fuel Cell. Ce véhicule
devrait être diffusé avant les modèles de Toyota et Honda. La Californie sera
visée en premier. Cet Etat américain dispose déjà de neuf stations de
recharge.
Prix encore élevé
Les véhicules à pile à combustible utilisent de l'hydrogène. Ils disposent
d'une motorisation électrique mue par la réaction chimique entre l'hydrogène et
l'oxygène extérieur. Ils sont « zéro émission » et donc extrêmement écologiques.
Ils gardent une large autonomie et proposent donc une utilisation comparable à
celle d'un véhicule thermique classique.
En revanche, ils posent le problème des infrastructures. Une station à
hydrogène coûte cher. Se pose aussi le problème de la sécurité du stockage.
Toyota affirme en tous cas avoir résolu le problème du réservoir à hydrogène du
véhicule lui-même en cas d'accident. Il est désormais quasiment blindé, à
l'épreuve des balles selon la firme nippone. Il faut en effet éviter qu'il
n'explose dans une collision !
Malheureusement, le prix reste très élevé.
« Le coût du système a été divisé par dix depuis 2008. Et il devrait être
encore réduit de 50% pour une utilisation commerciale », précise-t-on chez
Toyota.
Il n'empêche. Le prix de son FCV avoisinerait encore les 75.000 euros à son
lancement. Pas donné.
En attendant, le prototype de modèle Toyota à pile à combustible, que nous
avons pu essayer sur piste près de Nagoya, se comportait très agréablement, avec
de brillantes accélérations. Son fonctionnement nous est même apparu plus
agréable celui des hybrides du pionnier des voitures essence-électriques.
LA TRIBUNE