Depuis deux ans, l'île la Réunion fait les gros titres
chaque été. Pas pour ses montagnes classées au patrimoine mondial de l'humanité mais
pour les attaques mortelles de requins sur ses côtes. Lundi encore, une
adolescente est décédée des suites d'une morsure alors qu'elle se baignait à
moins de cinq mètres des côtes.
De quoi décourager les touristes de venir se baigner? Les professionnels du
tourisme craignent un scénario ressemblant à la dernière crise sanitaire ayant
eu un grand écho médiatique: le chikungugna. Après les Unes de la presse nationale sur l'épidémie de 2006, le tourisme avait baissé d'un tiers sur
l'île. Le secteur hôtelier ne s'en est toujours pas remis. "Beaucoup d'hôtels
ont fermé, même si le nombre de chambres est remonté depuis, il n'a pas retrouvé
son niveau d'avant la crise sanitaire" précise Hervé
Legrand, chef du service étude de l'Insee à Saint-Denis de la Réunion.
"Les gens auront oublié qu'il y a des requins"
La configuration de la crise, avec des attaques sporadiques en lieu et place
d'une épidémie massive, change cependant la donne. Malgré cinq décès depuis
2011, la baisse de la fréquentation touristique n'a été que de
5,3% en 2012 selon l'Insee et le comité de tourisme réunionnais. Et encore, cette
chute ne peut être entièrement imputée aux squales. "Il faut prendre en compte
le fait que 2011 a été une année-record pour le tourisme. Depuis, certaines
liaisons aériennes ont été supprimées et avec la crise, les Français voyagent
moins", décrypte Hervé Legrand.
Pour le moment, les hôteliers n'ont pas enregistré de baisse massive des
réservations ou d'annulations de voyages mais les mois de juillet et août
correspondent à la saison creuse. "Il ne fait pas assez chaud à cette période de
l'année sur l'île, explique Monica
Tomatis, responsable d'une agence de voyage parisienne dans le 9e
arrondissement. Lorsque la saison reprendra et qu'on vendra davantage de
"Réunion", les gens auront oublié qu'il y a des requins".
"L'île est associée aux requins dans l'esprit des consommateurs"
Les professionnels du tourisme sur place n'en sont pas aussi sûrs. Pour
mesurer l'impact de ces faits divers, le comité de tourisme de la Réunion vient
de lancer une vaste étude dans l'Hexagone. "De ce que nous savons par notre
présence dans différents salons professionnels et grands publics, l'île est
associée aux requins dans l'esprit des consommateurs", explique Pascal Viroleau, son président. Nous cherchons à savoir avec
cette enquête d'opinion si les attaques de squales influent sur leur comportement".
Sur place, parmi les professionnels du tourisme, ils sont nombreux à le
craindre. Philippe Doki-Thonon, président de l'antenne locale de l'Union
des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (Umih) résume les angoisses: "Le
matraquage négatif sur le risque requin ne nous sert pas : je suis propriétaire
d'un club de plongée et nous avons noté une baisse de 32% depuis le début des
attaques."
"Une minorité vient faire du surf"
Les activités nautiques sont bien sûr en première ligne en ce qui concerne
les réticences des touristes. Pour autant, elles ne représentent pas une grande
part de l'activité du secteur à la Réunion. "Sur 450 000 touristes, une toute
petite minorité vient pour faire du surf. La grande majorité des visiteurs est
attirée par les montagnes, classées au patrimoine mondial de l'Unesco", détaille
Hervé Legrand.
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