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7.4.13

Si Dieu existait, il n’y aurait pas besoin de pape.


les chaussettes du papeAu lendemain de l’élection de Sarkozy en 2007, souvenez-vous du ton général de la presse. À part quelques trop rares exceptions parmi lesquelles on pouvait compter L’Huma, Marianne et Charlie (pardon si j’en oublie), le grand troupeau médiatique a bêlé sur le même ton. Il n’était pas question de décortiquer le programme du nouveau président, d’expliquer en quoi il allait mettre la France à genoux, non. Le fond n’intéressait pas grand monde. Ce qu’on nous a vendu les six premiers mois de mandat, c’est un nouveau «style». Le «style» Sarkozy a été la vraie vedette des journaux d’information, devenus pour l’occasion torche-cul people.
Il se passe la même chose avec la nomination du nouveau pape. La presse d’opinion se transforme une nouvelle fois en presse sportive. Pas question d’analyser les faits, elle se contente de les décrire. C’est la première fois qu’un pape se nomme François. C’est la première fois qu’un pape est issu du continent américain. C’est la première fois qu’un pape est jésuite. C’est la première fois qu’un pape s’incline devant la foule rassemblée sur la place Saint-Pierre. C’est la première fois qu’un pape est marié. Ah, non, pardon, une erreur s’est glissée dans sa biographie… Une fois que la liste des premières fois a été mâchée et remâchée, il a été souligné que le nouveau pape est un pape modeste puisqu’il n’a qu’un seul poumon et qu’il se déplaçait à Buenos Aires sans chauffeur. Va-t-il renoncer à la papamobile et prendre le papamétro? Les experts pérorent et supputent. Comme une virgule de merde au milieu de cet immaculé néant laudateur, certains ont évoqué vite fait son «rôle controversé» durant la dictature des généraux argentins. On attend des précisions sur sa pointure, son tour de taille et son plat préféré.
Mais, bon, comment reprocher à la presse de tenter par tous les moyens de vendre de la nouveauté, du frais, du jamais vu? Il n’y a plus que ça qui se vend encore un peu. Et à part dire que le pape est tout neuf, il n’y a pas grand-chose à dire sur ce pape. Il n’a pas présenté un programme politique, c’est donc assez difficile de le commenter, hein!

Si Dieu existait, il n’y aurait pas besoin de pape.

Effectivement, il n’y a rien à commenter. À part dire qu’il y a un nouveau gérant à la tête de la multinationale Vatican et qu’il est là pour préserver les intérêts des marchands de bobards catholiques face aux autres marchands de bobards, que peut-on ajouter? La presse, pour survivre, doit débusquer de la nouveauté même là où il n’y en a pas. Et il n’y en aura jamais au Vatican. C’est le principe d’une religion de ne pas changer. Une religion n’évolue qu’à coups de pompe au cul, et c’est rarement le grand prêtre qui se les file lui-même. Le manque de souplesse est un critère pour devenir pape.
Si le pape se lève demain matin pour déclarer que Dieu n’existe pas et qu’il a décidé de mettre un terme à la plus grosse escroquerie du monde, là, d’accord, la presse pourra nous réveiller en titrant sur François. En attendant, qu’on arrête de nous faire croire qu’il y a du nouveau au Vatican.
Et tant qu’on y est, qu’on arrête de nous mentir sur le nombre de catholiques. L’Église considère comme catholique toute personne baptisée. Et la presse, cette feignasse, reprend ce critère à son compte et communique sans sourciller les chiffres fournis par l’Église. Un détail: lorsqu’un athée demande à être débaptisé, il reçoit un papier confirmant qu’il est devenu apostat. Mais, pour l’Église, il est impossible de débaptiser quelqu’un. Pour l’Église, le baptisé l’est pour l’éternité. Amen.
CHARLIE HEBDO
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