Le rhinocéros
« Crosrocha » se prélassait, tranquille, paisible, dans le peu d’eau qu’il restait dans la mare
fétide.
Il savourait la victoire
obtenue sur tous les animaux de la jungle.
Son dernier adversaire,
le lion des roches, il n’en avait fait qu’une bouchée… toute la faune s’était
rendue à son pouvoir ; il y avait bien les éléphants (les
« machopinto », surtout) mais ils n’étaient pas dangereux ; forts
de leur force, ils n’étaient pas
spécialement belliqueux…
Sous le ciel bleu-azur, les
gazelles rêvaient, les oiseaux aux couleurs chatoyantes gazouillaient, les
prédateurs humains se tenaient à distance.
Hormis le chant
harmonieux des alizées, rien ne venait troubler le paysage bucolique caressé
par les courants tièdes ; c’était l’harmonie parfaite dans un Paradis rêvé.
Un orage grondait au
loin ; bon présage pour tous. De l’eau, de l’eau… Les bêtes
n’attendaient que cela ! L’eau c’est la vie ; cela signifie
l’habillage en vert de la savane.
Tous se
réjouissaient : les gazelles allaient pouvoir brouter, les lions pouvoir
les dévorer et les hyènes préparer le festin des carcasses restantes ; les
larves allaient croître, donnant naissance aux papillons ; les arbres
allaient assouvir leur soif, ainsi que la végétation.
D’autres petits animaux,
les rongeurs, se préparaient aussi à la fête !
Et le rhinocéros
« Crosrocha » ?
De se prélasser aussi il
continuait. Certes de l’eau en plus cela ne le rendait pas plus heureux , sachant que l’odeur d’égout de sa mare adorée
allait disparaître…
En outre, il ne savait
pas que ses jours étaient comptés !
Il avait été victime
d’une piqure d’un tout petit moustique qui, dans la mare fétide à l’odeur
d’excréments, avait réussi à traverser son derme…
Il agonisait maintenant
avec des pensées de regret ; que n’avait-il été plus magnanime avec les
plus faibles ?
Hélas, c’était trop
tard ; le moustique «Naperdoaomira », sous des airs de bête
pacifique, allait mettre un terme à ses jours… Déjà les hyènes
s’approchaient…et les oiseaux continuaient de gazouiller.
14-03-2016
JoanMira