Le Parvis de la cathédrale au XVIIème siècle.
© NDP
hédrale Notre-Dame
Le Parvis de la cathédrale au XVIIème siècle.
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Paris, l’ancienne Lutèce, a été évangélisée à partir du IIIe siècle. On y comptait vers 250 suffisamment de chrétiens pour que le pape Fabien y envoie comme premier évêque Dyonisius, notre Saint Denis devenu saint patron de Paris. Les chrétiens étant alors persécutés en Gaule comme dans tout l’Empire Chrétien, l’évêque Denis devait célébrer le culte secrètement sans doute dans une simple pièce d’une villa gallo-romaine. Denis a d’ailleurs été martyrisé quelques années plus tard avec ses auxiliaires sur le Mont Mercure, dénommé depuis Mont Martyrum (Montmartre). Ses successeurs ont vécu dans la clandestinité jusqu’à la paix de l’Eglise décidée par l’Empereur Constantin en 313.
Il est alors devenu possible de construire un premier édifice chrétien, vraisemblablement sur la rive gauche et peut-être, selon certaines histoires, du côté de l’actuel Val-de-Grâce. En fait, nous ne savons rien de précis sur cette première cathédrale ni sur les suivantes. Des fouilles ont été effectuées à différentes périodes dans la partie orientale de l’Ile de la Cité, là où se trouve maintenant la Cathédrale Notre-Dame. Elles permettent de penser qu’il existait à son emplacement au début de notre ère un temple païen, remplacé ultérieurement par une grande basilique chrétienne à cinq nefs, sans doute assez semblable aux basiliques antiques de Rome ou de Ravenne, notamment. Mais nous ne savons pas si cette cathédrale, dédiée à Saint-Etienne, avait été élevée au IVe siècle et aurait été remaniée par la suite ou si elle daterait du VIIe siècle avec des éléments plus anciens en remploi. Une certitude cependant : cette cathédrale Saint-Etienne était de très grandes dimensions. Sa façade occidentale, située une quarantaine de mètres plus à l’ouest que la façade actuelle de Notre-Dame, avait une largeur à peine inférieure, quant à la longueur totale de l’édifice, elle représentait un peu plus de la moitié de l’actuelle. A l’intérieur, les nefs étaient séparées par des colonnes de marbre et les parois étaient revêtues de mosaïques. Selon l’usage liturgique, elle était complétée sur son flanc nord par un baptistère, dénommé Saint-Jean le Rond.
La cathédrale Saint-Etienne semble avoir été régulièrement entretenue et réparée, suffisamment en tout cas pour résister aux guerres et à l’usure du temps. Cependant, au milieu du XIIe siècle sous le règne de Louis VII, l’évêque Maurice de Sully et le chapitre ont pris une décision extrêmement importante : construire à la place de Saint-Etienne une nouvelle cathédrale, beaucoup plus longue et plus haute que l’ancienne, comme le permettaient les nouvelles techniques architecturales qui commençaient alors à être employés, celle du style ogival, communément appelé gothique de nos jours.
Naissance de la cathédrale Notre-Dame
Le 12 octobre 1160, Maurice de Sully est élu évêque de Paris.
Paris, dans un contexte de forte expansion démographique et de dynamisme économique, affirme l’importance de son rôle dans le royaume de France comme :
- capitale politique des rois capétiens notamment avec Philippe 1er (1060-1108), Louis VI le Gros (1108-1137) et Louis VII le Jeune (1137-1180) ;
- centre économique avec le développement sur la rive droite de la Seine d’une ville d’artisans et de marchands autour du marché des halles ;
- un haut-lieu de formation intellectuelle : rayonnement international de l’école-cathédrale.
Maurice de Sully est évêque de Paris de 1160 à 1196. Dès son élection, il propose une réponse pastorale, théologique et spirituelle à la profonde transformation de son diocèse par la reconstruction d’une église-cathédrale dédiée à la Vierge Marie (Notre-Dame) et regroupant les fonctions d’église de l’évêque, d’église des chanoines et de baptistère. Ce projet est au centre d’un gigantesque chantier urbain :
- démolition de l’ancienne Saint-Etienne et édification de Notre-Dame ;
- aménagement d’un parvis voulu comme un espace intermédiaire entre le monde profane et le monde de la foi : lieu de catéchèse par l’enseignement sculpté aux portails ;
- percement de la rue Neuve-Notre-Dame : ample voie de 6 mètres de large permettant un accès facile à la cathédrale pour une population nombreuse ; elle servira de cadre aux cours des siècles aux grandes processions ;
- reconstruction du palais épiscopal et de l’Hôtel-Dieu.
1163
1163 est la date traditionnellement retenue pour la pose de la première pierre de Notre-Dame en présence du Pape Alexandre III.
Le nouvel édifice s’inscrit dans l’élan du nouvel art que l’on appellera gothique (ou art ogival). Des chantiers l’ont déjà précédé dans cette mouvance :
- en 1140 avec la consécration de l’abbaye de Saint-Denis édifiée par l’abbé Suger ;
- en 1150 : Noyon ;
- en 1153 : Senlis ;
- en 1160 : Laon, Sens.
Le premier maître d’œuvre anonyme prend le parti d’un plan à double bas-côté et sans transept saillant (choix qui était celui de la précédente cathédrale Saint-Etienne), élévation à quatre étages étayés par des tribunes, grandes voûtes sexpartites à 32 mètres 50, prédominance de la ligne horizontale, solution originale pour le voûtement de la partie tournante du déambulatoire, alternance de piles « fortes » et de piles « faibles » entre le premier et le deuxième bas-côté.
XIIe - début du XIIIe siècle
Quatre grandes campagnes de travaux marquèrent cette période sous la direction de quatre maîtres d’œuvre :
1163-1182 : construction du choeur et de son double déambulatoire. Le maître-autel du chœur est consacré le 19 mai 1182 par Henri de Château-Marçay, légat pontifical assisté de l’évêque Maurice de Sully. (1er maître d’œuvre).
1182-1190 : construction des trois dernières travées de la nef, des bas-côtés et des tribunes. (2e maître d’œuvre).
1190-1225 : édification des assises de la façade et des deux premières travées de la nef, raccord des deux travées à la façade élevée jusqu’à la galerie des rois. (3e maître d’œuvre).
- Reconstitution de Choeur gothique clos par le mur d’enceinte et le jubé.
- Dession de Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. 1856
1225-1250 : galerie haute et les deux tours sur la façade, modification et agrandissements des fenêtres hautes et aménagement des chapelles latérales de la nef entre les culées des arcs-boutants (4e maître d’œuvre).
Les travaux des maîtres d’œuvre de la fin du XIIIe – début XIVe siècle
Les noms des maîtres d’œuvre sont connus : Jean de Chelles, Pierre de Montreuil, Pierre de Chelles, Jean Ravy, Jean le Bouteiller
Elargissement des bras des transepts : croisillon Nord (Portail du Cloître et Rose du Nord) et croisillon Sud (Portail Saint-Etienne et Rose du Sud).
Aménagement des chapelles du chœur et du chevet entre les contreforts.
Mise en place des grands arcs-boutants du chœur et du chevet de 15 mètres de volée.
Erection du jubé et d’une clôture de pierre historiée autour du chœur et du sanctuaire.
Les modifications des XVIIe et XVIIIe siècles.
Réaménagement sous la direction de Robert de Cotte du sanctuaire et du chœur pour accomplir le Vœu de Louis XIII.
Restauration de la Rose Sud.
Remplacement des vitraux du XIIe et du XIIIe siècle par des vitres blanches au milieu du XVIIIe siècle par les frères Le Vieil.
Travaux de l’architecte Soufflot :
- nouvelle sacristie ;
Durant la période révolutionnaire :
- Destructions des 28 statues de rois de la galerie des rois ;
- Destruction de toutes les grandes statues des portails à l’exception de la Vierge du trumeau du portail du Cloître.
Le renouveau du XIXe siècle.
Au début du XIXe siècle, le contexte est nouveau : un nouveau concordat est signé en juillet 1801 et Notre est rendue au culte catholique romain le 18 avril 1802. En 1831, Victor Hugo publie son roman Notre-Dame de Paris qui sera un énorme succès. En 1844, le gouvernement du roi Louis-Philippe 1er décrète la restauration de la cathédrale de Paris et la construction d’une sacristie.
Le chantier de restauration est confié à deux architectes : Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus. En 1857, la mort de Lassus laisse Viollet-le-Duc, seul maitre d’œuvre.
Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. (Viollet-le-Duc)
C’est ainsi que débute cette grande campagne de restauration, adjointe parfois de modifications de l’architecture générale, dont les principaux axes sont :
- la restitution des sculptures (une quinzaine de sculpteurs, dont Adolphe Geoffroy-Dechaume, interviendront) ;
- élévation de la nouvelle sacristie ;
- remise en place d’une nouvelle vitrerie en faisant appel à de grands maîtres-verriers ( Alfred Gérente, Louis Steinhel, Antoine Husson, Maréchal de Metz, Didron l’aîné) ;
- au portail central , rétablissement de l’état antérieur aux travaux de Soufflot ;
reconstitution d’une partie du Trésor et du mobilier ; - peintures murales dans les chapelles latérales ;
Le 31 mai 1864 aura lieu la dédicace de la cathédrale par Mgr Darboy, archevêque de Paris.
Période contemporaine
- Les verrières de Jacques Le Chevallier
- © Gérard Boullay
Les deux conflits mondiaux épargneront fort heureusement la cathédrale.
1965 verra l’aboutissement de 30 années d’intense débats concernant le renouvellement des vitraux de la nef en remplacement des grisailles du XIXe. C’est finalement le maître-verrier Jacques Le Chevallier qui fut retenu pour réaliser ces verrières sur le principe de grisailles non figuratives et animées de couleurs, qui correspondaient à un état et une ambiance lumineuse tels qu’ils avaient pu l’être au XIIIe siècle.
De 1990 à 1992, le grand orgue devenu sûrement en ce XXe siècle le plus célèbre du monde, fit l’objet d’une restauration de grande ampleur réalisée par un groupement de facteurs d’orgue français.,
Il est aussi à noter la grande campagne de nettoyage de la façade occidentale qui dura plus de dix ans et qui, grâce aux talents des restaurateurs des services des Monuments Historiques et aux techniques employées, nous permet depuis l’an 2000 d’admirer à nouveau ce joyaux de l’architecture médiévale dans toute sa splendeur.
Pour répondre aux directives du concile Vatican II, le clergé fera réaménager plusieurs fois le plateau liturgique. Les dernières modifications, en 2004, sous l’épiscopat du cardinal-archevêque Jean-Marie Lustiger, permettront entre autres de retrouver l’espace de circulation entre les deux transepts et, de par la nouvelle disposition des lieux, associer pleinement le chœur et la nef qui ne font maintenant plus qu’un lors célébrations liturgiques.
Ancrée plus que jamais dans notre époque et loin d’être un musée, la cathédrale se veut, comme depuis ses origines, la Maison de Dieu et la Demeure de Hommes, en témoignent ces évolutions de toutes natures signes d’un rayonnement toujours actuel.