Un groupe terroriste algérien inconnu a annoncé le 13 septembre qu'il quittait Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et rejoignait les rangs de l'Etat islamique [EI, dirigé par Abou Bakr Al-Baghdadi].
Le groupe Djound Al-Khilafa en Algérie (Les soldats du califat en Algérie) est composé de membres de cellules dormantes d'Aqmi dans le centre du pays. A sa tête, on retrouve Abdelmalek Al-Gouri, [alias Khaled Abou Souleiman, un homme recherché par les services de sécurité algériens et condamné par contumace en 2012 à la peine capitale].
Prudence des analystes
Aucune réaction officielle n'a été publiée à l'annonce de la nouvelle, et les analystes restent prudents quant à la véracité de ce communiqué et aux raisons ayant poussé à une telle annonce.
Cette nouvelle division au sein d'Aqmi intervient quelques jours seulement après que la presse a fait état d'informations sur les plans de l'EI de s'implanter dans le sud-est algérien, à la frontière avec la Libye. Des rapports de sécurité ont également parlé de graves divisions au sein du conseil consultatif d'Aqmi.
"Nous savons que des figures influentes de l'organisation qui souhaitent suivre Abou Bakr Al-Baghdadi préfèrent attendre avant de se prononcer, car ils savent que cela fragiliserait la structure", a expliqué un officier algérien sous couvert de l'anonymat.
L'exode des groupes affiliés à Al-Qaida
Bien que le leader d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel, ait refusé de reconnaître l'EI et préféré renouveler son allégeance à Al-Qaida, d'autres personnages importants de son organisation semblent désireux de changer de partenaires. Cet été, l'un d'eux, Abou Abdallah Othmane El-Acimi, a officiellement rallié la cause de l'EI.
De leur côté, les branches maghrébine et yéménite d'Al-Qaida ont publié le 16 septembre un communiqué dans lequel elles menacent la coalition anti-EI, et s'opposent à toute action armée contre le mouvement terroriste. Cet appel était en grande partie destiné aux groupes armés actifs en Irak et en Syrie, leur demandant de ne pas combattre l'EI.
Ultime tentative
Selon certains experts, cet appel tardif d'Al-Qaida est une ultime tentative de la part du mouvement de sauver la face après que ce nouveau mouvement terroriste [qui se développe sous la bannière de l'EI] lui a volé la vedette. C'est une position tactique destinée à mettre un coup d'arrêt à l'exode des groupes terroristes affiliés à Al-Qaida, expliquent-ils.
Concernant la menace de l'EI, le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra a déclaré le 15 septembre que "l'EI s'est offert un nom qu'il ne mérite pas, et l'islam est innocent de ces comportements ignobles". Il souligne que l'Algérie coopérera avec les autres pays arabes dans la lutte contre le terrorisme.
Courrier International