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1.11.11

Lu dans Charlie Hebdo: Levaï: chronique d'un suicide



Ivan Levaï a été un journaliste. Pas vraiment reporter de terrain, plutôt reporter de rince doigts. Ivan Levaï n’hésitait pas à se mouiller. Pour obtenir des informations, il était souvent amené à dîner avec les puissants. A l’issue d’un repas bien arrosé, les puissants lui caressaient la tête et lui grattaient le dos. Ivan Levaï repartait alors, persuadé que la douce sensation qui l’envahissait était celle du devoir accompli. Ivan Levaï qui est retraité continue sur France Inter de faire ce qu’il a fait de mieux au cours de sa carrière : lire en diagonale des articles écrits par d’autres. Une revue de presse, ça s’appelle. France Inter accompagne les journalistes en fin de vie, c’est tout à son honneur.
Ivan Levaï aurait pu mourir devant le micro qui lui tint compagnie toute sa carrière, mais c’est finalement la plume à la main qu’il est mort. Le livre qu’il vient de publier pour défendre son ami Strauss-Kahn lui servira de linceul. Un petit linceul pour un petit homme. «Chronique d’une exécution».
Strauss-Kahn est innocent parce que Strauss-Kahn est son ami. C’est la thèse du livre. Les amis de Levaï sont innocents. Dommage pour eux que les branleurs de banlieues entaulés pour vols de scooter ou pour viols ne soient pas les amis de Levaï. Être ami de Levaï n’est pas à la portée de tout le monde. Comment faut-il faire pour être l’ami de Levaï? Il faut d’abord avoir épousé la femme de celui-ci. Ce qui explique que Levaï a très peu de véritables amis.
Levaï se vante d’avoir réclamé et obtenu une audience à Sarkozy pour lui demander de sortir son ami de prison. Comment ça s’appelle un journaliste qui se sert de son statut de journaliste pour obtenir d’un Président de la République qu’il intervienne en faveur d’un ami accusé de viol à l’étranger? Il y a un mot, non? Je ne trouve pas… Appelons ça un Levaï.
Levaï aurait pu resté dans l’histoire du journalisme comme la plus belle brosse à reluire de la profession, il restera pour une phrase qu’il a prononcée à l’antenne de France Inter à propos du viol que ne peut pas avoir commis son ami. «Je ne crois pas au viol. Pour un viol, il faut un couteau, un pistolet…». Pauvre Strauss-Kahn… Il vaut mieux ne pas avoir d’ami que d’être défendu par un Levaï. Seules les brutes qui manient le couteau et le flingue peuvent violer. Pour Levaï l’autorité, le pouvoir ne ferait donc pas partie de la panoplie du violeur. Levaï, lui, ne s’est jamais fait violé par quelqu’un qui détenait le pouvoir, il a toujours été consentant. Soit.
On pourrait passer du temps à éponger les ignobles conneries qui ont suinté de l’inconscient de Levaï à propos du viol, à propos des femmes. Juste une, alors, une énorme : dans l’Express Levaï affirme que DSK a été guillotiné «et guillotiné sèchement!». «Robert Badinter me racontait, il y a peu, que la dernière femme condamnée à mort en France, sous le régime de Pétain, avait été jugée pour avoir aidé une femme à avorter!» Magnifique comparaison d’un viol avec un avortement… DSK aurait donc voulu rendre service à Nafissatou Diallo. Non pas lui faire passer un bébé, mais lui procurer un orgasme, sans doute.
C’est à dégueuler. On ne veut plus vivre avec des générations qui ont connu l’époque où on trouvait normal que le viol d’une femme soit qualifié de troussage de domestique. On n’a pas le temps de les rééduquer les vieux boucs, on a autre chose à foutre. Qu’ils disparaissent! Qu’on leur coupe au moins… le micro.
DSK est peut-être innocent, il est peut-être coupable, on ne le saura jamais. En revanche, on sait que Levaï est mort persuadé que s’est en se roulant lui-même dans la merde que DSK sentirait la rose.
Charb