Ceux qui ont fait le service militaire connaissent bien le fameux « zéro ! » abréviation de « zéro au jus ! », le cri qu'ils poussaient au dernier jour de leur service enfin terminé.
Mais ce « zéro » avait bien souvent été précédé d'autres annonces au nombre décroissant (comme « soixante au jus » ou « huit au jus ») au fur et à mesure que la quille se rapprochait.
Alors pourquoi ce jus pour désigner un nombre jours ?
Eh bien c'est pour une raison simple : en argot, le mot jus désigne le café. Et dans le cas qui nous intéresse, c'est plus précisément celui du petit déjeuner, ce café qui rythme le début de chaque journée. Autrement dit, symboliquement, le nombre de jus désigne le nombre de jours.
D'ailleurs, il était fréquent que le réveil d'une chambrée par un gradé se fasse par un « au jus là d'dans ! » pour indiquer qu'il était temps d'aller fissa prendre son petit-déjeuner avant de passer aux réelles et sympathiques activités militaires.
Sortie du service militaire, cette expression peut aussi s'employer dans d'autres situations où l'on décompte un nombre de jours restants comme, par exemple, lorsqu'un employé va quitter sa société et qu'il lui reste quelques jours avant son départ ou lorsqu'un prisonnier n'est plus très loin de sa libération.
Pour les curieux, le terme jus est une abréviation de « jus de chique (le tabac noir à mâcher) » ou « jus de chaussette », ces liquides très peu appétissants auxquels le mauvais café pouvait être comparé.
Exemple
« Je peux te certifier que chaque matin, j'ai compté les jours : qu'est-ce que c'est long à la fin, cent quarante-huit au jus, quatre-vingts, soixante au jus, quarante-cinq, ça diminue, jusqu'à la quille, enfin. La quille, bordel ! Alors là, euphorique, je suis ! »