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4.11.12

Un habit de lumières allemandes pour le Christ de Rio

Flickr/Doug 88888.

A Rio de Janeiro, le jour de la fête nationale allemande [le 3 octobre], la célèbre statue du Christ sera éclairée en noir, rouge et or [les couleurs du drapeau allemand]. Le consulat allemand entend ainsi annoncer l’année de l’Allemagne, qui commencera en mai 2013 au Brésil, et Berlin compte en profiter pour créer une plateforme pour la recherche, l’industrie et la culture allemandes au Brésil.

En attendant, comment illumine-t-on en noir une statue dans la nuit ? “C’est un peu délicat”, reconnaît Harald Klein, le consul général d’Allemagne, qui devait rencontrer ces jours-ci les spécialistes d’une société d’éclairage.

Inauguré il y a quatre-vingt-un ans, ce monument, qui est considéré dans le monde entier comme le symbole non seulement de Rio mais aussi de tout le Brésil, a été équipé il y a quelques années d’un ensemble de projecteurs modernes capables de l’éclairer en blanc et en diverses couleurs. En 2010, la statue art déco – 1145 tonnes et 38 mètres de haut, y compris ses 9 mètres de socle – qui se dresse au sommet des 710 mètres du mont Corcovado avait été illuminée en jaune et vert en signe de soutien à l’équipe brésilienne pendant la Coupe du monde de football. Récemment, le Cristo Redentor [Christ rédempteur] a été coloré de rose à l’occasion d’une campagne d’information sur le cancer du sein.

Mais un Jésus multicolore au service d’un pays étranger ? “Pour autant que je le sache, cela n’est encore jamais arrivé”, confie M. Klein. L’idée est née au consulat, et l’archevêché de Rio de Janeiro, propriétaire de la statue, s’est montré ouvert. “Après quelques échanges téléphoniques, nous avons reçu le feu vert, enfin plus exactement le feu noir-rouge-or”, plaisante le consul général.
“Comment résoudre le problème du noir, je ne saurais le dire, mais on trouvera. Il faut simplement créer un contraste”, ajoute-t-il.
On ne voit pas le Corcovado des jardins du consulat où M. Klein recevra ses invités, mais il fera projeter sur un écran géant l’image en temps réel de la statue du Christ.

Dès le XIXe siècle, le Brésil avait envisagé d’ériger une statue religieuse sur le mont qui surplombe Rio, mais le projet resta lettre morte pendant des dizaines d’années. En 1922, plusieurs modèles furent proposés, comme un Sauveur sous forme de globe, qui fit ricaner la population et fut baptisé le “Jésus à la bille”. Le choix se porta finalement sur un Christ rédempteur aux bras écartés, un signe de paix selon la version officielle, mais peut-être, aux yeux de la population, un signe de l’impuissance divine face à la situation chaotique de Rio.

La première pierre fut posée en 1922, mais la construction ne commença qu’un an plus tard et la statue fut enfin inaugurée le 12 octobre 1931. Les travaux coûtèrent 250 000 dollars, soit 2,6 millions d’euros en valeur actuelle. La statue contient un escalier de onze étages qui permet d’accéder aux bras du Christ, d’une envergure de 30 mètres, et à sa tête – 30 tonnes – pour l’entretien du monument. L’enveloppe extérieure est constituée d’innombrables plaques de stéatite.

Le Christ du Corcovado est depuis longtemps un symbole aussi bien religieux que profane, ce qui ne cesse de provoquer des conflits.
L’archevêché n’apprécie pas vraiment, par exemple, qu’on le fasse figurer sur des soutiens-gorge de maillot de bain ou qu’on l’utilise pour la pub d’une agence de rencontres coquines. En 1999, l’archevêque ne trouva pas non plus très drôle que le célèbre parachutiste autrichien Felix Baumgartner se hisse sur l’un des bras de la statue au moyen d’un câble lancé par une arbalète pour redescendre en parachute. Depuis quelques années, l’Eglise accepte toutefois que la statue ne soit pas investie seulement d’une valeur religieuse, et la met à disposition à des fins publicitaires à condition que ces campagnes servent un objectif acceptable à ses yeux.
COURRIER INTERNATIONAL