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2.2.14

Portugal - Six étudiants trouvent la mort dans un bizutage

Une famille rend un dernier hommage à son fils, mort noyé après un bizutage (Photo AFP/Francisco Leong)
A la suite d'un bizutage qui a mal tourné, au point de causer la mort de six jeunes étudiants, le gouvernement portugais réfléchit à l'interdiction des "bizutages violents" dans le pays, annonce le journal Público.

Le soir du 15 décembre dernier, 7 étudiants ont disparu aux abords de la plage de Meco (située au sud de Lisbonne). Si João Miguel Gouveia a
survécu (il a échoué sur la plage in extremis et a pu appeler les secours), six corps sans vie ont été retrouvés par la suite. Les parents des victimes ont campé sur la plage pendant huit jours, ce drame donnant lieu à des scènes déchirantes alors que journalistes, parents, étudiants et pêcheurs locaux passaient leurs nuits à scruter l'horizon. La mer agitée a fini par rendre les deux derniers corps inertes huit jours après le drame.

Tous les étudiants faisaient partie d'une association promouvant les praxes ("bizutages") de l'Universidade Lusófona (établissement privé de Lisbonne). Les étudiants de la "commission de bizutage" de l'université ont imposé la loi du silence, qui a ralenti un temps l'enquête. Les parents des victimes ont alors décidé de lancer un
appel public à témoins. Les témoignages recueillis ont permis de déterminer que les étudiants s'étaient livrés à une séance de bizutage et qu'ils s'étaient dirigés vers la plage des pierres attachées aux mollets. On a également retrouvé une vidéo enregistrée par une des victimes sur son téléphone, présentant le début de cette séance de bizutage.

Cet événement a ravivé le débat entre défenseurs de la "tradition académique" et les "antipraxe". Les premiers défendent la thèse que, si des excès se produisent, les us et coutumes intimement liés à la vie étudiante au Portugal ne peuvent être remis en cause. Les associations d'étudiants se sont, par exemple,
prononcées contre la fin des bizutages. Pour elles, ces pratiques sont "un exercice de liberté de la part d'étudiants adultes". Certains éditorialistes, comme Henrique Monteiro de l'Expresso, prétextent un excès non représentatif de la tradition estudiantine.

D'autres, comme José Pacheco Pereira dans Público ou Daniel Oliveira dans l'Expresso, voient là une bonne occasion de remettre en cause une tradition autoritaire et violente. La journaliste Andreia Sanches rappelle que cette
polémique est récurente depuis le XVIIIe siècle, omniprésente même pendant la dictature de Salazar, et qu'elle a été ravivée depuis les années 1990.
Le journal Público tranche clairement pour une interdiction, comme l'indique le titre de son éditorial du 28 janvier dernier : "Pour la fin des bizutages".

Le secrétaire d'Etat à la jeunesse et aux sports, Emídio Guereiro, a déclaré que ces pratiques
n'étaient "pas des bizutages" mais des "actes illicites". Le ministre prétend "débattre avec les étudiants pour trouver les meilleures façons d'éviter ces situations extrêmes". L'université où étudiaient les victimes a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'interdirait pas les bizutages.
 
COURRIER INTERNATIONAL - FRANCE