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14.12.13

Épidémie de peste noire à Madagascar


La peste noire est causée par une bactérie appelée, Yersinia pestis,
identifiée en 1894 par Alexandre Yersin.


Madagascar est l'un des pays les plus touchés par cette maladie associée au Moyen-Age. L'île enregistrait jeudi 39 morts pour 86 cas détectés, dont 90 % atteints de la forme la plus grave.
«Fuir quelqu'un comme la peste », «il est pestiféré », «quelle peste !»: les expressions françaises montrent à quel point la peste noire a marqué l'inconscient collectif. Au Moyen Âge, ce «fléau divin » a décimé un tiers de la population européenne ! Si le dernier cas français remonte à 1945, la peste continue de tuer sur d'autres continents. Madagascar, deuxième pays du monde le plus touché, a ainsi annoncé jeudi que 39 personnes en étaient mortes, pour 86 cas détectés depuis novembre. Les autorités redoutent une épidémie particulièrement forte cette année.
La maladie est véhiculée, dans l'île, par des rats chassés de leur habitat naturel par la déforestation. Les rongeurs, dont les puces infectent les hommes, migrent vers les villages où s'amoncellent les ordures. Information inquiétante: 90 % des malades répertoriés seraient atteints de la forme pulmonaire de la maladie, la plus dangereuse et la seule contagieuse d'homme à homme par la salive. Le ministère de la Santé malgache a toutefois précisé que «les mesures sanitaires requises ont déjà été prises ». Les soins sont dispensés gratuitement.
Causée par la bactérieYersinia pestis, identifiée en 1894, la peste est une maladie que l'on sait aujourd'hui soigner. À condition que les antibiotiques soient donnés à temps. «La peste tue très vite, rappelle Elisabeth Carniel, responsable du Centre de référence de la peste à l'Institut Pasteur à Paris. Si les médicaments ne sont pas administrés rapidement, la mortalité peut atteindre 40 à 70 % pour la forme bubonique. Pour la forme pulmonaire, il faut traiter si possible avant les premiers symptômes, sans quoi la mortalité est de 100 %.» La prise en charge a été facilitée par la mise au point en 2003, par son équipe et leurs confrères de Madagascar, d'un test rapide qui a réduit à 15 minutes (contre une semaine auparavant) le temps nécessaire au diagnostic.

Impossible à éradiquer

La peste bubonique se manifeste par une forte fièvre et un gonflement des ganglions lymphatiques proches de la piqûre, qui suppurent et deviennent noirâtres. La forme pulmonaire, qui résulte de la migration du bacille dans les poumons, peut tuer en trois jours.
Cette maladie apparaît dans les pays en situation de pauvreté ou de conflit. Sur les 21 725 cas mondiaux recensés dans les années 2000, 10 500 l'ont été en République démocratique du Congo, pays le plus touché, et 7 200 à Madagascar. On trouve aussi des foyers réguliers en Chine, au Pérou ou en Asie centrale. Plus étonnant, les États-Unis occupent la 11e position avec 57 cas en dix ans.
Bien que Yersinia pestis soit «la bactérie la plus pathogène pour l'homme », selon Elisabeth Carniel, il est illusoire d'espérer l'éradiquer totalement. «Il faudrait pour cela tuer tous les rongeurs de la planète », rappelle la chercheuse. Avec son équipe, elle travaille sur un projet de vaccin préventif et cherche à percer les mystères restants de la bactérie. «Aucune bactérie ne tue aussi efficacement son hôte, constate l'experte. Et on ne sait toujours pas pourquoi.»

Le Figaro