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27.5.14

Pourquoi l’extrême droite ne prend pas au Portugal

Dessin de Kap
Alors qu'une vague de partis eurosceptiques et populistes s'est imposée lors de ces dernières élections européennes, l'extrême droite n'existe presque pas au Portugal. L'hebdomadaire Expresso nous proposait, avant même le résultat des élections, quelques élements d'explications.
 
Quelle est la situation au Portugal ? Courons-nous nous aussi le risque, comme l'a affirmé récemment dans une entrevue au Journal ¡ l'entrepreneur Pedro Ferraz da Costa, “de nous réveiller un jour avec un parti d'extrême droite” ?

Cela semble peu probable : “Les conditions sociales et politiques ne sont pas réunies”, assure quant à lui le politologue José Adelino Maltez. D'une part, le PCP [Parti communiste portugais] a remplacé cette extrême droite : “C'est le parti le plus nationaliste depuis la chute du mur, c'est ce qui équilibre le système”, ajoute-t-il. D'autre part, “Dans le cadre de l'Union européenne, notre pays est celui qui connaît la relation la plus stable entre l'État et la nation”, dit-il, ce qui constitue un obstacle à un facteur nationaliste.

Le Portugal, pays de réactionnaires mais pas de fascistes

Parlant sans détours, ce professeur de l'ISCSP de l'Universidade Técnica de Lisbonne avance par ailleurs que “Le Portugal compte plus de réactionnaires que de fascistes. Cela a toujours été le cas, même sous Salazar. Et le système leur convient.” Quant aux “rares” véritables fascistes, poursuit-il, “ils sont du genre lâches et hypocrites : ils se sont fondus dans les grands partis et préfèrent tirer profit des structures influentes.” L'extrême droite ne pourrait l'emporter qu'avec un “véritable soutien ouvrier”, comme c'est le cas en France. C'est une configuration qui n'existe pas au Portugal.

Son collègue de l'ICS [Institut de sciences sociales de Lisbonne], António Costa Pinto, admet qu'il existe “des sensibilités” pouvant entraîner la montée de l'extrême droite – “entre 15 et 20 % des Portugais expriment des valeurs telles que l'euroscepticisme et le souci de la souveraineté nationale, qui peuvent être mobilisatrices pour l'électorat le plus à droite” – mais il manque “des hommes politiques pour incarner cette tendance, des personnalités politiques fortes”. Ce n'est pas la seule raison : “Le salazarisme n'a pas laissé de parti néo-salazariste” [du nom du dictateur António Oliveira Salazar qui tint le Portugal pendant trente-sept ans], et le changement de régime du 25 avril [Coup d'Etat qui mit fin à la dictature de Salazar] a contribué au “blocage” des partis d'extrême droite au Portugal.