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6.7.14

La dernière leçon de Vahid

 


Forte émotion chez quelques inconsolables confrères, scandalisés par le fait que l’intervention du président Bouteflika n’ait pas suffi à empêcher Halilhodzic de quitter son poste.
Selon leurs dernières analyses, il n’y a que le complot pour pouvoir expliquer le fait qu’un désir de Bouteflika, soutenu par une foule de supporters, n’ait pas été exaucé ! Ainsi, un collègue écrit-il : “Le successeur de Rabah Saâdane dérange-t-il (…) à tel point que ‘certains cercles’ osent contrarier le président de la République qui s’est, pourtant, montré catégorique sur ce sujet dernièrement, en soulignant que ce dernier ‘devait rester’” ? Un autre note que “le président de la République, qui est toujours à l'écoute de son peuple (sic !), veut donc exaucer son vœu de revoir coach Vahid à la barre technique des Verts” ; sûr de son fait, il rappelle que “l’Algérie est bien riche et peut se permettre n’importe quel coach” !
Souvent la foule, leurrée par sa puissance éphémère, s’autoproclame “peuple” et prend ses désirs pour des nécessités. Elle en oublie que “le peuple”, précisément, est fait d’individus. Et que dans certaines cultures, l’individu dispose librement de lui-même. C’est peut-être cette liberté que Halilhodzic vient d’exercer en s’en tenant à ce qu’il avait déjà décidé : changer d’air.
Dans la pensée totalitaire, que nous partageons avec notre pouvoir dans une sorte de syndrome de Stockholm généralisé, la volonté tapageuse de la foule, érigée en “volonté populaire” et endossée par le pouvoir, devient volonté absolue. Une volonté de la foule qui, donc, érigée en “volonté populaire” et s’exprimant par l’intermédiation du pouvoir, devient volonté absolue.
Mais où se croit-on ? En Algérie ? Personne n’a donc envisagé le cas où que Halilhodzic a simplement et librement choisi parmi les opportunités professionnelles qui se présentent à lui, ou le cas où, s’étant déjà engagé avec un club turc, il n’a peut-être pas trouvé correct de se rétracter ?... même pour l’offre d’un employeur “qui peut se payer n’importe quel coach”.
L’argent a contribué à la formation de la conviction selon laquelle Halilhodzic ne pouvait pas refuser l’offre algérienne : il est notoire que quand notre pouvoir aime, il ne compte pas.
Au lieu d’être scandalisée par la “qatarisée” des deniers publics qui servent à entretenir le “prestige” d’un pouvoir improductif, à soudoyer les corporations, clans et confréries, à asservir les élites “choisies”, la foule est scandalisée par l’échec du subterfuge politico-médiatique.
Tout le monde a vu qu’Halilhodzic espère que “l’on poursuive la dynamique”. Mais personne ne s’attarde sur son constat selon lequel “les choses n’ont pas toujours été faciles”.
Non, parce que l’on a coutume de couvrir les laideurs du système avec de l’argent. S’il accepte de rempiler, il acceptera de se taire. Il accepte l’oubli, cette formule ruineuse qui dispense nos “responsables” de rendre des comptes et qui fonde la démocratie de “la stabilité”.
Comme l’on couvre le déni de démocratie en payant au peuple, aux supporters, le meilleur entraîneur du monde et les meilleurs de la diaspora. Ne pouvant choisir leurs dirigeants, les Algériens, troquant leur statut de citoyens contre leurs fugaces ivresses de supporters, ont l’illusion que leurs dirigeants exécutent leur choix.
Mustapha Hammouche
Liberté - Algérie