C'est devenu un lieu commun : on a tous à perdre avec les grèves. L'idée est
aussi fausse que rebattue. Car, à chaque manifestation, il y en a qui s'en
mettent plein les poches. Le secteur des "armes non létales" tire d'énormes
profits de la répression des manifestations, en Colombie comme dans le reste du
monde.
Par les temps qui courent, le gaz lacrymogène a le vent en poupe. Même si les
Nations unies le qualifient d'arme chimique, de puissants intérêts ont permis à
ce gaz d'être commercialisé sur l'ensemble de la planète en tant qu'"arme non
létale".
Le plus grand producteur de gaz lacrymogène est Combined Systems. Cette
société est établie à Jamestown, un pacifique village de moins de 700 habitants
en Pennsylvanie.
Selon son site web, son métier consiste à "fabriquer des munitions tactiques
et des dispositifs de contrôle des masses, destinés aux forces armées, à la
police, aux autorités carcérales et aux agences de sécurité nationale du monde
entier".
Cette société est une machine à produire de l'argent. Plus le monde va mal,
mieux elle se porte. Une récente étude menée par Anna Feigenbaum, professeure à
l'université de Bournemouth (Grande-Bretagne), prouve que pendant les périodes
de crise économique les dépenses antiémeutes grimpent en flèche.