Pour ceux qui connaissent vraiment le personnage, la vidéo montrant Cheikh Rached Ghannouchi, discutant dans son bureau avec des représentants de la Jeunesse salafiste, n'a rien de surprenant. Le contenu, datant d'avril dernier et mis en ligne le 9 octobre [une autre vidéo fut aussi mise en ligne le lendemain (Cliquez ici pour la voir)] notamment sur les réseaux YouTube et Facebook, a simplement rappelé au peuple tunisien les grandes lignes du programme officieux d'Ennahda. Un programme tant redouté mais officiellement occulté par ses dirigeants pour cause de décence politique, de manière à cacher leur jeu et prendre le temps de faire main-basse sur le pouvoir et d'instaurer une théocratie islamiste en Tunisie.
La Tunisie, trois fois millénaire, terre d'Hannibal, d'Oqba, d'Ibn Khaldoun, de Kheireddine et j'en passe, est actuellement dirigée par un gourou. Ni guide moral, ni leader politique, mais un véritable gourou, chef d'une secte omnipotent tenant sous sa coupe des adeptes endoctrinés et obéissant au doigt et à l'œil. Qui ose l'affronter au sein d'Ennahda ? Qui ose contredire ses décisions rétrogrades ? Qui ose critiquer ses prises de positions à géométrie variable selon les circonstances ? Jusqu'où les militants pourront-ils endurer son machiavélisme ? Y aurait-il un jour un "Pilate" dans l'avion d'Ennahda pour redresser la situation d'un parti en déconfiture totale et, par ricochet, celle de tout un pays, en voie de déliquescence ?
L'échec patent du gouvernement tunisien actuel dans tous les domaines est largement du à la politique désastreuse menée sous les ordres de Ghannouchi qui reçoit, tous les jours, dans son bureau, après la prière du matin dit-on, la plupart des membres du gouvernement et leur chef Hamadi Jebali, pour leur donner des instructions.
Le contenu de cette fameuse vidéo [en arabe], d'une gravité extrême, fera vraiment date dans les annales politiques du pays et servira certainement d'électrochoc à la masse des électeurs indécis et non politisés qui faisaient preuve d'une certaine indifférence ou condescendance vis-à-vis des islamistes.
COURRIER INTERNATIONAL