ROBERVAL – Après avoir laissé sous-entendre, la veille, que le Québec dépend d’Ottawa et de la péréquation, Philippe Couillard a reconnu samedi qu’un Québec souverain pourrait survivre financièrement.
Le chef libéral s’est ainsi collé à la déclaration de Jean Charest, qui avait reconnu la même chose au milieu des années 2000. L’indépendance du Québec a toutefois un prix et la transition entraînerait une dizaine d’années de «perturbations majeures dans les services publics», a prévenu le chef libéral.
«Oui, bien sûr, le Québec a les capacités mais à quel prix ? Actuellement, le gouvernement fédéral dépense 16 milliards $ de plus qu’il ne reçoit du Québec. On reçoit plus de 9 milliards $ de péréquation. À quel prix et pourquoi ?», a-t-il martelé lors d’un point de presse à Roberval, dans la circonscription qu’il convoite au Lac-Saint-Jean.
«Si on était humiliés, opprimés, dans une situation dramatique, on pourrait prendre collectivement la décision de se passer de tout ça. (Mais) on est un peuple libre, un peuple heureux, en prospérité, qui est en récupération de la prospérité et de la modernité au Québec», a-t-il fait valoir.
Philippe Couillard a défendu avec vigueur l’appartenance du Québec la fédération canadienne. Il s’agit d’un «des meilleurs leviers de développement que le Québec possède», a-t-il fait valoir. Il redoute la «perte de la citoyenneté canadienne qui nous est enviée partout sur la planète».
«J’aime cette citoyenneté qui donne un caractère de partage et de grands horizons plutôt que le rétrécissement sur soi-même et la fermeture des portes. C’est pour ça que je suis fier d’être Québécois avant tout mais également fier d’être Canadien.»
Attaque contre Péladeau
Vendredi, le chef du Parti libéral avait laissé sous-entendre que le Québec n’avait pas les moyens de se séparer, lors d’une attaque en règle contre le candidat péquiste Pierre Karl Péladeau.
«Je en comprends pas que quelqu’un qui s’estime compétent en économie recommande la séparation du Québec du Canada puis la disparition de 9 milliards $ de péréquation du Canada, ça me semble un calcul assez simple», avait-il lâché.
Le Québec serait «perdant» selon Legault
Le chef de la CAQ, qui essaie d’éluder toute question sur un éventuel référendum, croit que le Québec serait «perdant» au plan financier, alors qu’il avait lui-même présenté les avantages économiques d’un Québec indépendant quand il était au Parti québécois.
«Actuellement, quand on regarde les transferts qu’on reçoit en péréquation, qui sont beaucoup plus élevés qu’à l’époque où j’avais fait un document (budget de l’an 1), c’est certain que le Québec serait perdant quand on regarde l’argent qui est envoyé à Ottawa puis l’argent qu’on reçoit d’Ottawa», a-t-il soutenu ce matin en conférence de presse.
«Le Québec pourrait peut-être être dans la moyenne, ou peut-être un petit peu en bas de la moyenne des pays. Mais ce n’est pas ça l’enjeu. Les Québécois, ils n’en veulent pas de référendum. Ils ne veulent pas trancher ce dossier-là. Donc c’est ça le vrai débat, ce n’est pas de savoir si c’est viable ou pas viable. C’est que les Québécois ne veulent pas en entendre parler.»
JOURNAL DE QUEBEC