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27.6.12

Japon: Le retour imposé du nucléaire

Dessin de No-río, Japon.
Je tiens à remercier la préfecture de Fukui pour avoir pris cette décision", a déclaré le Premier ministre Yoshihiko Noda lors de sa conférence de presse. Mais comment ose-t-il exprimer des remerciements pour une initiative qui nous expose à nouveau au danger ? Depuis le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, notre pays essaie de changer. La vie humaine doit être notre priorité absolue, et nos régions doivent être réaménagées pour mieux résister aux catastrophes naturelles. Pour ce faire, chacun de nous était prêt à changer de mode de vie.

Autoriser le redémarrage des réacteurs dans les conditions actuelles est une erreur. Le nouveau Japon que nous cherchons à bâtir ne saurait y voir le jour. Tout d'abord, nous n'avons pas encore élucidé l'enchaînement des faits qui a provoqué l'accident de Fukushima. Personne n'en a encore assumé la responsabilité. Et personne n'a vraiment présenté d'excuses. C'est dans cette confusion que le redémarrage va se faire.
La décision du redémarrage des réacteurs n° 3 et n° 4 de la centrale d'Ohi a fini par être prise lors d'une réunion à laquelle ont assisté le Premier ministre et le ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, Yukio Edano. Il n'y a rien à redire au fait que la remise en service des réacteurs relève en définitive d'une décision politique. Mais encore faut-il que celle-ci soit scientifiquement fondée, de façon à être assez convaincante aux yeux des riverains. Or, les normes de sûreté sur lesquelles repose la décision du redémarrage ont été improvisées en seulement deux jours par l'Agence japonaise de sûreté nucléaire (AJSN), qui relève du ministère de l'Economie. Comment le peuple japonais pourrait-il avoir confiance dans des normes de sûreté établies par l'Agence même qui est au cœur de l'accident de Fukushima ? D'autant plus qu'il est prévu que celle-ci soit prochainement remplacée par un nouvel organisme indépendant. La loi régissant ce nouvel organisme de contrôle tarde à être adoptée.
 Une décision politique prise au mépris de la sécurité
En attendant, il n'existe pas dans notre pays de règles applicables à la sûreté nucléaire. Pourtant, sur la base d'une simple prévision de la compagnie Kansai Electric Power [Kepco, compagnie d'électricité gestionnaire de la région du Sud-Ouest et propriétaire de la centrale Ohi], qui a déclaré unilatéralement que cet été la production d'électricité serait inférieure de 14,9 % à la demande, la décision du redémarrage s'est inexorablement imposée. Les abris antisismiques devant faire office de centres de commande en cas d'urgence et le système de ventilation filtrée ne seront pas en place avant 2015, et les digues ne seront achevées que l'an prochain. Par ailleurs, il n'est pas prévu de procéder à de nouvelles études sur les failles situées aux environs de cette centrale, alors même que des experts ont récemment signalé la possibilité que des glissements de terrain endommagent les réacteurs. En dépit de cette politique déplorable, le peuple continue à espérer que les choses changent. Le gouvernement a élaboré un plan détaillé d'économies d'électricité qu'il a longuement présenté pour solliciter la collaboration de chaque citoyen- cette demande a été acceptée de bon cœur.

Le nombre de foyers qui utilisent les panneaux solaires et les piles à combustible augmente. Les Japonais ont pris l'habitude de s'habiller plus léger pour utiliser modérément le climatiseur. Arroser le sol de l'entrée, accrocher un fuurin[clochettes] à nos fenêtres pour entendre le vent qui passe sont autant de savoir-faire séculaires permettant de survivre à la chaleur estivale. L'important est de nous délivrer de notre dépendance excessive à l'électricité. De plus en plus de personnes commencent à prendre plaisir à réduire leur consommation d'électricité : chaque jour, en surveillant son compteur, on constate le fruit de son effort. Quant aux entreprises, il est peu probable qu'elles renoncent à leur politique d'économies d'énergie dans la mesure où celle-ci contribue à réduire leurs dépenses.
Le Japon doit devenir une économie verte
La prospérité économique ne repose pas sur la production nucléaire, mais sur la durabilité. Une puissance technologique comme le Japon doit prendre la tête du secteur de l'économie verte. Pour ce faire, nous devons fixer à quarante ans la durée maximale de vie d'un réacteur et profiter de ce délai pour perfectionner les techniques d'exploitation des énergies renouvelables. Pendant cette période de transition, on pourra recourir à l'énergie hydraulique et thermique, construire dans tout le pays de petites centrales électriques faisant appel à des technologies comme le charbon propre [la clean coal technology
, qui produit très peu de polluants et de gaz à effet de serre]. Le Japon doit également utiliser la chaleur de récupération, développer ses techniques de stockage de l'électricité et exploiter davantage des ressources comme la biomasse et la géothermie, dont il dispose en abondance. L'avenir de l'économie japonaise repose sur les technologies d'économie d'énergie, qu'il n'a cessé de développer. Les Japonais commencent à avoir une bonne compréhension des problèmes qui se posent dans les régions où sont implantées les centrales nucléaires. Nous devons soutenir ceux qui vivent près du danger, car une vie qui repose sur l'argent du nucléaire ne peut pas tenir. Il est important, pour les uns comme pour les autres, de revoir notre schéma de dépendance vis-à-vis de l'électricité et de procéder à une refonte radicale du système.
Les réacteurs n° 3 et n° 4 de la centrale d'Ohi vont être remis en service, et nous craignons qu'à cela ne succède le redémarrage d'une série de centrales comme celle d'Ikata, à Shikoku, ou de Tomari, à Hokkaido. Car c'est l'ensemble du Japon, pas seulement les régions où se trouvent les centrales, qui revendique plus de sécurité et de tranquillité.
Il nous faut comprendre Fukushima, et aller au-delà des leçons que nous pouvons en tirer. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons enfin panser les blessures de Fukushima. Au-delà du pour ou contre le nucléaire, nous allons bâtir un Japon nouveau et durable.
 
COURRIER INTERNATIONAL

11.1.12

Le danger nucléaire existe: puisque les suisses s'en méfient...


La Suisse distribue tous les dix ans des pastilles d'iode destinées à un traitement préventif en cas d'accident nucléaire (photo archive).
La Confédération distribue tous les dix ans des pastilles d'iode à la population, destinées à un traitement préventif en cas d'accident nucléaire.

13.11.11

Fukushima



Les autorités japonaises ont ouvert samedi les portes de la centrale nucléaire de Fukushima à un groupe de journalistes pour la première fois depuis le tsunami du 11 mars, voulant ainsi prouver que l'accident nucléaire est désormais sous contrôle.
Vêtus de combinaisons intégrales antiradiations, le visage protégé par un masque respiratoire, munis de deux paires de gants, une trentaine de reporters, dont quatre représentants de médias étrangers, ont été conduits à bord de deux autobus jusqu'au site atomique.

Doses intenses de radiations

Après avoir traversé les villes fantômes situées dans la zone interdite des 20 kilomètres, vidées de leurs habitants après l'accident, les journalistes ont constaté que le niveau de radioactivité était déjà de 20 microsieverts par heure aux portes de la centrale.
A mesure que les véhicules s'approchaient des réacteurs, le niveau est monté rapidement, atteignant même au coeur d'une forêt de pins le record de 1.000 microsieverts, soit un millisievert par heure, ce qui correspond à la dose annuelle maximale imposée en temps normal au Japon et dans la plupart des pays.
Un journaliste a raconté que le bâtiment abritant le réacteur numéro 3 était le plus endommagé, avec tout autour des carcasses de camions, des barrières métalliques tordues et des réservoirs d'eau éventrés.