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1.10.11

Le XV de France sombre face au Tonga


Sukanaivalu Hufanga marque un essai face aux Bleus à Wellington.

C'est donc une équipe qui a péniblement battu le Japon et le Canada, s'est fait fesser par la Nouvelle-Zélande, avant d'être humiliée par le Tonga, qui jouera un quart de finale de Coupe du monde la semaine prochaine. Les Bleus, qui rêvaient d'un match référence avant le tableau final, ont livré une des pires performances du mandat de Marc Lièvremont. Passaient encore les défaites en Argentine ou les déculottées contre Springboks, Wallabies ou All Blacks... Le revers contre le Tonga, il fallait le faire.

Lièvremont avait pourtant préparé le terrain cette semaine. «Le risque, c'est de faire ses valises.» Personne ne l'avait vraiment pris au sérieux. Le Tonga, dans cette Coupe du monde, c'était deux défaites (contre la Nouvelle-Zélande et le Canada) et un succès étriqué face au Japon. Dans le jeu, les hommes d'Isitolo Maka sont loin d'afficher la forme de leurs cousins samoans. Pas de quoi, a priori, effrayer des Bleus qui jurent monter en puissance.

L'essai d'Hufanga, joueur de Malemort

Et pourtant, durant les 80 minutes du match dans le Cake Tin de Wellington, on n'a vu que des vagues rouges. Dépassés par le rythme et l'engagement des joueurs du Pacifique, les Français ont explosé dans tous les secteurs. Les vingt premières minutes du match, au final, sont les moins catastrophiques. Mais les tricolores, au jeu terriblement stéréotypé, ne parviennent pas à inscrire d'essai. Ils ont laissé passer leur chance.
Résultat, à la 26ème minute, l'ailier tongien Hufanga, qui jouait la saison passée à Malemort, en Fédérale 3 (la cinquième division française!) réceptionne une passe au pied, laisse Julien Bonnaire le nez dans le gazon et va à dame (6-10). On passera rapidement sur le carton jaune très sévère adressé au même Hufanga pour un plaquage supposé dangereux. Mais même à un de plus, les Français reculent.

Grand chambardement ou réaction d'orgueil?

L'entame de seconde période est tout aussi pénible. Les Français dégueulent les ballons à l'impact, se mettent à la faute, rivalisent de choix incohérents. Seul le manque de réussite au pied de Kurth Morath, le demi d'ouverture tongien, limite l'ampleur du score. On a d'ailleurs du mal à comprendre l'acharnement des joueurs du Pacifique à vouloir taper les pénalités, alors qu'un bonus offensif aurait pu leur ouvrir les portes des quarts. Et franchement, les Français auraient été tout à fait capables d'encaisser ces quatre essais synonymes d'élimination. Peut-être la volonté d'assurer un succès de prestige devant un stade acquis à leur cause...

Il faudra attendre le temps additionnel pour revoir les tricolores pointer le bout de leur nez dans les 22 adverses. Après cinq minutes d'un défi stérile en mêlée face à des Tongiens survoltés, ils se décident enfin à écarter le ballon, et Vincent Clerc peut aller marquer en coin son cinquième essai de la compétition. De quoi assurer le bonus défensif (défaite finale 14-19), un miracle dans la mesure où les coéquipiers de Thierry Dusautoir auraient pu repartir avec 40 points de déficit.
Une semaine après leur revers contre les Blacks, ils auront cette fois du mal à rejouer le couplet de la «défaite encourageante». Quant à Marc Lièvremont, après avoir joué au chamboule-tout avec ses joueurs durant le premier tour, osera-t-il tenter encore une fois un grand chambardement avec le match qui se profile face à l'Angleterre? Ou comptera-t-il sur l'orgueil de ses hommes? Car c'est bien le plus extraordinaire: après un premier tour catastrophique, les Bleus n'ont qu'un match à réussir, face au XV de la Rose, pour s'offrir une demi-finale potentiellement très abordable contre l'Irlande ou Galles. Autre option: réussir un des plus grands fiascos du rugby français.
LIBERATION