LIEUX DE POUVOIR - Les aménagements du nouvel Airbus présidentiel A330 ultramoderne ont suscité la polémique.
Quand les ministres accompagnant le chef de l'État dans ses «VO» (voyages officiels) sont montés pour la première fois à bord du nouvel Airbus présidentiel, Nicolas Sarkozy leur a fait les honneurs de l'A330: «Ici le four à pizzas ; ici le court de tennis ; et là, bien sûr, le jacuzzi!» «Il y a eu de tels fantasmes sur cet avion, c'était de bonne guerre !», glisse un ministre. Plus sérieusement, le président a conclu sa visite en justifiant sa décision, début 2008, de renouveler la flotte.
Les deux anciens A319 siglés «République française» ont été vendus. Ils étaient jugés vétustes, incapables de couvrir de longues distances. Quand le président devait se rendre en Asie, l'avion faisait escale à Novossibirsk, en Sibérie. Surtout, les appareils n'étaient pas équipés de la technologie de pointe pour communiquer 24 heures sur 24. «Les écrans retraçant le trajet de l'avion notaient encore qu'on survolait Leningrad, alors que la ville avait été rebaptisée depuis longtemps!», se souvient un ministre, qui rappelle avec effroi l'incident survenu en 2009 avec l'ancien avion, sur la piste de Villacoublay, pour un déplacement vers l'Afrique. «L'avion roulait quand il y a eu un grand bruit, raconte-t-il. L'un des réacteurs avait lâché. Si ça s'était produit en phase de décollage… Ceux qui critiquent le nouvel avion devraient se souvenir de ce qui s'est passé en Pologne», où l'appareil du président polonais s'est écrasé en 2010.
«Sièges croco et fontaine à champagne»
Reste qu'avant même d'avoir volé - pour la première fois vers Séoul en novembre 2010 - le nouvel A330, baptisé «Air Sarko One», en référence à l'avion du président américain, a suscité la polémique. Son coût - 176 millions d'euros, selon le ministère de la Défense, 259,5 millions, selon le député PS René Dosière qui se fonde sur un rapport de la Cour des comptes - fut jugé excessif par la gauche. Mais ce sont surtout des rumeurs sur de luxueux équipements qui ont alimenté la critique. Les «Guignols de l'info» en ont fait un sketch: Air Sarko One s'arrête en plein ciel devant l'Air Force One de Barack Obama, et Nicolas Sarkozy, un verre à la main, fait l'article de sa nouvelle acquisition - «sièges croco» et «fontaine à champagne» -, devant un président américain médusé.