Plus d'un millier d'habitants de la ville de Maoming, dans le Guangdong, se sont récemment réunis devant la mairie, pour réclamer l'abandon du projet d'installation d'une usine de paraxylène dans la proche banlieue de cette ville du sud-ouest de la province, relate le journal hongkongais Ming Pao. Aucun accord n'a pu être trouvé entre les manifestants et le gouvernement local, relate le journal.
La première manifestation remonte au 30 mars, sans avoir fait beaucoup de bruit ni couler l'encre de la presse chinoise. Quatre jours plus tard, le journal hongkongais Oriental Daily News sortait l'information en une que des affrontements avaient fait 15 morts et 300 blessés à Maoming. Selon le journal, les policiers ont frappé dans la rue les passants, y compris des enfants qui n'ont pas pu s'échapper. Le gouvernement local a aussitôt démenti l'information, niant qu'il y ait eu des morts et ne confirmant que deux blessés, rapporte l'organe du Parti communiste, le Renmin Ribao.
En revanche, le directeur du bureau de l'éducation de Maoming, lors d'une conférence de presse le 3 avril, n'a pas pu nier le fait que les étudiants avaient été menacés par leurs écoles. Les établissements leur ont demandé de reconnaître par écrit qu'ils étaient conscients qu'en cas de participation aux manifestations ils pouvaient ne pas obtenir leur diplôme. De même, un journaliste hongkongais duMing Pao a été poursuivi par les autorités jusque dans sa chambre d'hôtel à Maoming, il lui a été demandé de signer une confession et de quitter la ville.
Les informations viennent des réseaux sociaux
La presse chinoise dans son ensemble se contente de relayer les informations officielles. Même le magazine Caixin,réputé être une voix plus audacieuse, ne publie que quelques brèves selon lesquelles le gouvernement respecte complètement l'avis de la population locale. Quant au très réputé hebdomadaire Nanfang Zhoumo, il reprend une annonce gouvernementale, affirmant qu'une minorité de citadins de la ville de Maoming avaient manifesté, le 30 mars, sans demander d'autorisation préalable.
Les informations et les photos dérangeantes viennent des réseaux sociaux. Comme ce moine, Jiuxian Wangyun, un des premiers internautes qui a relayé sur le site de microblogging Weibo des informations sur l'affaire et sur la grève des étudiants de Maoming. Mais aussi ce journaliste de l'hebdomadaire cantonaisNandu Zhoukan, Wen San Wa, qui a envoyé un message sur son compte Weibo : "Le 1er avril, le public est encore une fois devant notre journal, brandissant des slogans. Aujourd'hui, entre l'actualité et la rédaction, la distance est de zéro."
Depuis quelques années, les manifestations contre l'installation d'usines pétrochimiques ne sont pas rares en Chine. Les Chinois ne croient plus aux explications du gouvernement ni de certains experts. Certaines villes comme Xiamen, de la province du Fujian, ont réussi à faire reculer le pouvoir local, et ce cas est désormais considéré comme un modèle pour les autres villes chinoises.
Zhulin Zhang