La visite très mouvementée de Nicolas Sarkozy au Pays
basque, le 1er mars 2012, "a scellé l'issue de l'élection présidentielle",
estime le journaliste Éric Normand dans Bayonne 01.03.2012 (Gascogne),
illustré par des photos de Nicolas Sabathier. Éric Normand, journaliste à La
République des Pyrénées, analyse cette visite qui a tourné au "fiasco" car
"elle a été totalement improvisée". Nicolas Sarkozy, rappelle-t-il, "est venu à
Bayonne comme il était venu dix jours avant à Annecy". Sauf que Bayonne "est au
Pays basque, un pays complexe, turbulent, marqué par les revendications
nationalistes".
Le 1er mars, le président commence par visiter une
exploitation agricole à Itxassou. Il y a là déjà, face à la police, de jeunes
nationalistes, des opposants au projet de ligne ferroviaire à grande vitesse
(LGV), des producteurs de lait en colère et des promoteurs d'une collectivité
territoriale (CT) basque. À 15 h 40, Nicolas Sarkozy pose le pied à Bayonne. Une
foule compacte, hostile l'attend. Des cris et des sifflements couvrent les
applaudissements des partisans, bien moins nombreux, du candidat. "Une foule
formée d'altermondialistes, de socialistes, de nationalistes basques et de
beaucoup de jeunes en vacances scolaires. L'élément important a été la présence
d'une masse de jeunes lycéens et d'étudiants", estime Éric Normand. Le convoi et
son escorte pénètrent, dans une confusion totale, dans un bar d'une rue
commerçante où le président doit rencontrer des interlocuteurs
socio-professionnels.
Un arrêt brutal de sa progression dans les sondages
Il est 16 heures. La foule s'agglutine, les policiers
font barrage. À 16 h 20, les manifestants sont plus de mille. Les CRS passent à
l'action, ne créant dans la foule un corridor qu'à 17 h 15 que Nicolas Sarkozy
parvient enfin à emprunter pour gagner son véhicule. "Cette journée s'est
traduite par un arrêt brutal de sa progression dans les sondages", note le
journaliste de La République des Pyrénées, et "il reviendra bien trop
tardivement sur son adversaire pour le coiffer au poteau".
Son analyse sur l'importance de cette journée est
partagée par d'autres. Ainsi, l'ancien conseiller du président, Henri Guaino, a
estimé le 16 mai sur Public Sénat que "cet incident a coupé le lien direct (...)
entre le candidat et les Français". Franz-Olivier Giesbert, directeur du
Point, a pour sa part qualifié cette journée de "tournant" et Laurent
Neumann, directeur de Marianne, a estimé que "Bayonne a été un
moment-clé" de la campagne.
LE POINT